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Artothèque Vitré : Les femmes vues par Olivia Gay

Olivia Gay est une photographe qui explore depuis plus de vingt ans la figure féminine et sa place dans la société. Elle est actuellement en résidence à l'artothèque de Vitré.

Clémence Aurore, les nouvelles oratrices, Vitré, 6 mars 2023 - travail en cours ©OliviaGay

Formée aux États-Unis, Olivia Gay commence sa carrière comme photographe de presse pour des titres prestigieux comme le New York Times ou encore le Monde. Une dizaine d’années plus tard, Olivia change d’approche et développe des projets artistiques fondés sur ce qu’elle appelle « une photographie compréhensive » qui accorde une importance particulière à la relation entre le sujet et le photographe. « On appelle ça l’art relationnel. On est moins dans l’objet à tout prix... tout ce qu’il y a autour compte. » La démarche consiste alors à interroger le réel, la situation « parler de ce que l’on voit, s’enrichir du regard des autres, s’interroger sur la nature des problématiques soulevées par les images. ».

La photographe Olivia Gay ©OliviaGay

Et « sa matière première », c’est la femme. La femme dans son rapport au travail, quel qu’il soit. Elle a ainsi photographié des travailleuses du sexe, des sœurs moniales, des caissières, des ouvrières, des chercheuses. Aujourd’hui elles s’intéressent aux cheffes d’entreprises. Des réseaux comme FCE (femmes chefs d’entreprises ), Bouge ta boite, Femmes de Bretagne mais aussi les Nouvelles oratrices lui ont ouvert leurs portes. « C’est un nouveau chapitre pour moi qui consiste à interroger le rapport des femmes avec l’argent, avec le pouvoir, entre elles… Comprendre comment elles se soutiennent, s’entraident… Comment des cercles se créent, se forment, évoluent, en quoi ça les aide .»

Un art « relationnel »

Et pour amorcer ce travail, Olivia Gay s’attache à créer des liens. « Certaines m’invitent à les suivre. Par exemple la semaine dernière, j’ai passé la journée avec l’une d’entre elles, Micaela et je l’ai accompagnée sur deux rendez-vous clients. Cela me permet de voir comment elle se met en scène dans ce rôle de commerciale, de cheffe d’entreprise. » Mais au-delà du quotidien, ce qui motive le travail de la photographe, c’est le collectif, la notion de cercle, de réseau, de sororité « Je m’intéresse aussi beaucoup à leurs manifestations. Par exemple, pour le 8 mars, elles se réunissent lors d’une soirée réseau, je vais m’y rendre pour capter le collectif. Il y a tout un fonctionnement, une organisation, que je m’attache à observer, à comprendre. Et puis les regards, les comportements, les gestes, les attitudes, les corps, comment ils se réfléchissent, se répondent… ou pas… je vais explorer tout ça ».

Les espaces en disent long

Olivia Gay a également l’œil de la documentariste. Au-delà de la femme et de son rôle au sein de la société, elle aime observer les espaces dans lesquels elles évoluent « j’étudie toujours cette notion avec soin. Je l’ai fait précédemment dans des espaces comme les monastères, la prison, le bordel, l’usine, le supermarché… Ce n’est pas anodin, l’espace. Il influe aussi sur notre comportement, notre évolution. Là c’est l’aspect documentaire de mon travail. Les lieux où les femmes s’entraident, se réunissent pour leurs soirées, renseignent de manière plus large sur la place qu’elles ont dans la société, sur la réalité de l’environnement qu’on leur propose. Pour leur soirée du 8 mars des Femmes chefs d’entreprises, c’est Volvo qui les accueillent, pas les galeries Lafayette… c’est signifiant. » Un travail qui s’inscrit dans le présent et documente également une époque.

Ce projet donnera certainement lieu dans le futur à une exposition, peut-être un livre. L’artiste ne le sait pas encore.

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