Depuis 2015, GwenneG permet aux acteurs locaux, aux citoyens et aux entreprises de financer une entreprise bretonne via du capital en devenant actionnaire ou, depuis 2017, par des obligations via un prêt obligataire. « En créant GwenneG, notre objectif était de faire participer les Bretons à la création et au maintien des emplois locaux. En 5 ans, nous avons collecté un peu plus de 50 millions d’euros et contribué à la création et au maintien de quelque 1200 emplois. » Un impact sur l’économie locale que la plateforme de financement participatif entend aujourd’hui accentuer en finançant davantage de projets à impact grâce à des outils de financement dédiés.
La crise sanitaire a accentué l’engagement citoyen en faveur de l’environnement
« Il est clair que la crise sanitaire a exacerbé chez nos souscripteurs le besoin de financer des projets à impact. Les particuliers veulent donner du sens à leur épargne, et les entreprises à leur trésorerie. Nous comptons 10 000 souscripteurs en Bretagne, communauté assez conséquente, et beaucoup d’entre eux nous ont appelés ces derniers mois pour savoir si nous pouvions proposer davantage de projets à impact positif. Cela concerne aussi bien la production d’énergie renouvelable, le bien manger, mais aussi le bien vieillir », explique Karim Essemiani, fondateur de la plateforme.
L’obligation verte, un outil dédié aux investissements dans les structures écologiques
« On avait déjà sur nos écrans radars des outils comme les obligations vertes qui sont des outils financiers avec des critères environnementaux. Ces obligations étaient jusqu’ici plutôt réservées à des investisseurs professionnels sur des projets de très grande envergure. Nous avons démocratisé leur accès pour permettre à nos souscripteurs, particuliers et entreprises, d’en bénéficier. » Ces obligations ont la particularité de répondre à des critères spécifiques d’analyse et de suivi pour garantir une transparence sur l’utilisation des fonds et la mise en œuvre des projets. Une manière d’éviter le greenwashing.
Deux projets déjà financés
Et les débuts sont prometteurs ! Depuis le début de l’année deux projets ont été financés par GwenneG grâce aux obligations vertes : le projet hydrolien porté par Morbihan hydro énergies dans le golfe du Morbihan et la centrale solaire de Bruz Pont-Péan, en Ille-et-Vilaine. « Sur Bruz et Pont-Péan, 38 000 panneaux solaires ont été installés. Ils produisent 18 gigawatts-heures, l’équivalent de la consommation de 5 000 foyers. C’est la plus grosse centrale photovoltaïque de Bretagne qui va donc être mise en service en ce mois de septembre. » À Pont-Péant, la part de consommation d’énergie renouvelable devrait passer de 0,4 % à 80 %.
Les particuliers veulent donner davantage de sens à leur épargne
L’investissement en circuit court, rentable et éthique
Le financement de la centrale solaire a été bouclé en moins de 15 jours. Sur le million d’euros collecté, 900000 euros proviennent de l’épargne des habitants des deux communes hébergeant le projet. Les 10 % restant ont été financé par des résidents d’Ille-et-Vilaine. Une belle opération pour les souscripteurs locaux qui bénéficient d’un taux de rémunération de 4,8 % brut par an.
« Afin de permettre au plus grand nombre de souscrire, le ticket d’entrée est relativement faible : 500 euros, avec un plafond à 10 000 euros pour le projet photovoltaïque ». Pour Karim Essemiani, la démarche repose sur un triptyque vertueux « Je crée de la richesse pour moi sur un plan financier, je m’implique dans mon territoire, je bénéficie d’énergie renouvelable localement ».
Chez nous le financement participatif est de proximité, en circuit court
La priorité aux habitants du territoire concerné par l’investissement
Car le point fort du système GwenneG est d’ouvrir dans un premier temps la souscription uniquement aux résidents du territoire concerné. Un moyen de mobiliser les riverains sur des projets autour de chez eux. « Pour Bruz et Pont-Péan, nous avons présenté le dossier aux habitants, par des permanences dans les mairies, une présence sur les marchés», souligne Karim Essemiani. « La dimension digitale finalement, n’est qu’une petite brique de la démarche. Chez nous le financement participatif est de proximité, en circuit court. Les futurs souscripteurs rencontrent les porteurs de projet, les représentants de la plateforme, pour comprendre les enjeux, le processus, les effets attendus. ».
On va se focaliser sur la gestion durable des ressources vivantes
Du vert et du social
Si les obligations durables couvrent le champ de l’écologie, elles s’étendent également aux projets à impact social « Sur le même principe que les obligations vertes, nous allons mettre en place d’ici 2022, des outils qui suivront des critères sociaux. Deux sujets nous tiennent particulièrement à cœur : l’aide à l’installation de maisons de santé pour lutter contre le désert médical et la mise en place d’espaces de coliving pour les seniors. »
Green capital
GwenneG prend également le virage du durable sur les projets financés en capital « on va se focaliser sur la gestion durable des ressources vivantes et en particulier la gestion des ressources en eau. La première pollution étant d’origine agricole, l’idée est de venir accompagner les agriculteurs dans leurs transitions. Nous sommes partenaires d’un projet d’investissement d’avenir, PIA Terres de Source. Nous gérons une enveloppe totale de 25 millions d’euros que l’on va investir en capital dans les entreprises
qui permettront à des agriculteurs locaux d’améliorer leurs pratiques agricoles. Une dizaine de projets devraient être présentés sur la plateforme dans les 4 années à venir. »
Et demain ?
« On collecte en moyenne une quinzaine de millions d’euros par an. L’objectif est de pouvoir doubler ce montant d’ici trois ans toujours en proposant des instruments financiers dédiés aux projets du territoire. Les obligations vertes et sociales vont désormais représenter 70% des obligations proposées sur la plateforme, et les prises de capital dans les projets durables, une part de 95 %. » Si la demande est très forte de la part des souscripteurs de financer des projets à impact, Karim Essemiani insiste sur un point « Nous sommes très sélectifs sur les dossiers qui nous sont soumis, seuls 10 % des projets sont retenus. En 5 ans, avec 50 millions d’euros collectés, nous n’avons essuyé que 7 000 euros d’impayés. Nous souhaitons avant tout des placements sûrs pour nos souscripteurs. »
Pourquoi avoir fondé GwenneG ?
Après avoir travaillé 15 ans chez Veolia, je voulais entrer dans la seconde partie de ma vie professionnelle avec un projet porteur de sens pour moi. L’idée de GwenneG est de flécher l’épargne locale vers le financement de l’économie réelle, et permettre à chacun de participer à créer les futurs emplois de nos enfants.
Vous n’êtes pas originaire de Bretagne, pourquoi avoir choisi ce territoire ?
J’ai connu la Bretagne à travers mon épouse qui est bretonne et j’ai découvert un territoire passionnant : des gens travailleurs, sérieux, une vraie solidarité entrepreneuriale, de belles entreprises avec des capitaux familiaux. Un terrain favorable où finalement mettre de la solidarité avec de nouveaux outils c’était quelque chose qui était cohérent.