Couverture du journal du 31/10/2025 Le nouveau magazine

Brasserie de Bretagne muscle sa production et entraîne dans son sillage Fabulous French Brasseurs

À Concarneau (29), Brasserie de Bretagne engage un investissement de cinq millions d’euros pour moderniser son site et doubler ses capacités de conditionnement. Fer de lance du groupe Fabulous French Brasseurs, elle incarne la montée en puissance d’un acteur breton aux ambitions nationales, qui veut s’imposer comme alternative aux géants de la bière.

Créé en 2018, Fabulous French Brasseurs agrège aujourd’hui quatre brasseries : Brasserie de Bretagne, Brasserie du Dauphiné dans le Rhône-Alpes, Brasserie de Vézelay en Bourgogne et Brasserie artisanale du Sud dans le Languedoc. © Fabulous French Brasseurs

Fondée en 1998, Brasserie de Bretagne a grandi dans l’ombre des grands noms de la bière avant de s’imposer, en moins d’une décennie, comme l’un des piliers du paysage brassicole breton puis français. Aujourd’hui, avec 120 000 hectolitres brassés chaque année et 25 millions d’euros de chiffre d’affaires, l’entreprise concarnoise pèse à elle seule les trois quarts des volumes du groupe Fabulous French Brasseurs, dont elle constitue la tête de pont.

En 2026, le site va connaître une importante évolution de son outil industriel. Un investissement de 5 millions d’euros est engagé pour moderniser l’atelier d’embouteillage et d’enfûtage, améliorer l’ergonomie des postes et récupérer le gaz carbonique de fermentation. « Cet investissement vise à doubler notre capacité de conditionnement, tout en réduisant la pénibilité pour nos équipes. Il nous permettra aussi de valoriser notre CO₂ en circuit fermé, au lieu de l’acheter à l’extérieur », explique Clément Bedbeder, P.-D.G. du groupe.

Un groupe d’envergure nationale

Créé en 2018, Fabulous French Brasseurs agrège aujourd’hui quatre brasseries : Brasserie de Bretagne, Brasserie du Dauphiné dans le Rhône-Alpes, Brasserie de Vézelay en Bourgogne et Brasserie artisanale du Sud dans le Languedoc. « Notre idée, c’est de bâtir une plateforme nationale de bières artisanales, en mutualisant les achats, la logistique et les forces commerciales, mais en laissant à chaque site son ancrage local », résume Clément Bedbeder.

(RE)LIRE AUSSI : À Cesson-Sévigné, la brasserie Skumenn fête ses dix ans et vise les 10 000 hectolitres

Le groupe totalise 140 000 hectolitres produits, pour un chiffre d’affaires consolidé de 32 millions d’euros, et 10 % de croissance attendue cette année. Une centaine de salariés composent l’effectif global, dont quarante dédiés à la production à Concarneau, et une trentaine de commerciaux sédentaires et itinérants répartis de Brest à Marseille. En GMS, Brasserie de Bretagne revendique 7 % de part de marché en Bretagne historique. « Cela fait de nous le numéro un régional en GMS. Notre objectif est de franchir les 10 % dans les quatre prochaines années », affirme le dirigeant.

Sant-Erwann, fleuron du portefeuille, représente à elle seule 40 % des volumes du groupe

Sant-Erwann, fleuron du portefeuille, représente à elle seule 40 % des volumes du groupe, avec une croissance de 25 % sur un an. Sa percée hors Bretagne (+ 50 %) témoigne d’un potentiel national affirmé. « Nous voulons faire de Sant-Erwann une signature bretonne de dégustation, à l’image de ce que Mont-Blanc ou Pietra ont accompli depuis leurs territoires respectifs », illustre Clément Bedbeder.

Stratégie RSE ancrée dans le territoire

Sur le plan environnemental, Brasserie de Bretagne se félicite de son label PME + obtenu en 2025. Elle se fournit auprès d’une filière orge bio sourcée à moins de 50 km de la brasserie et d’une malterie installée à moins de 30 km. L’entreprise fait également figure de pionnière dans le réemploi des bouteilles, via la coopérative DISTRO. « Nous avons été membres fondateurs de Distro dès 2020. Aujourd’hui, plusieurs de nos bières de 75 cl sont déjà consignées en GMS dans le cadre du test Citeo », rappelle Clément Bedbeder.

Le site bénéficie de cinq millions d'euros d'investissement.

Le site bénéficie de cinq millions d’euros d’investissement. © Fabulous French Brasseurs

Le groupe évolue dans un paysage brassicole breton où les poids lourds ne manquent pas. Coreff et Lancelot revendiquent chacune environ 70 000 hectolitres, et la compétition se joue parfois au coude-à-coude sur certaines références. « Il y a match entre nous, c’est évident. Mais nos relations sont saines, et nous savons nous rassembler autour de projets comme la Malterie de Bretagne, née en 2019 », nuance le dirigeant.

Cap sur de nouvelles régions

Fabulous French Brasseurs entend poursuivre son expansion. L’objectif est de couvrir l’ensemble des grandes régions françaises de consommation. « Nous visons une brasserie par grande région. Il nous manque encore le Nord, le Sud-Ouest, l’Alsace et la Normandie. Nous avons déjà eu des discussions, certaines n’ont pas abouti, mais d’autres pourraient se concrétiser d’ici 2026 », laisse entendre Clément Bedbeder.

Nous visons une brasserie par grande région.

Dans un marché encore dominé à 70 % par les multinationales, le groupe breton compte s’imposer par la qualité, l’accessibilité et l’ancrage territorial. « Nos bières s’adressent au grand public. Ce ne sont pas des produits élitistes. Nous voulons qu’elles soient disponibles partout où le consommateur souhaite les retrouver, en grande distribution comme dans les bars », martèle le P.-D.G.