Au bout du quai Malbert, là où les embruns collent aux paupières, Christophe Chabert marche vite. Le directeur de BrestPort a la marche rapide des gens qui savent où ils vont. « Nous sommes un port industriel et logistique. Pas un décor. Pas un terminal de croisière », martèle-t-il.

Christophe Chabert, directeur de BrestPort. ©7Jours/Bruneau
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700 escales par an, quelque 25 paquebots seulement. La carte postale est ailleurs. Ici, c’est le territoire de l’acier, des grues, du trafic agroalimentaire et des flux conteneurisés. 2,7 millions de tonnes de marchandises passent chaque année par ce morceau de Bretagne « gagné sur la mer ». Il n’est pas une attraction, mais un outil stratégique. Et cet outil, il a une histoire singulière. 160 ans, entièrement construits sur la mer dans sa quasi-totalité, extension après extension, renforcé au rythme des besoins bretons : Marine royale, débarquements américains de 1917, agroalimentaire d’après-guerre, développement de la construction et de la réparation navale. « À chaque époque, les Bretons ont façonné leur port », résume le directeur.
Aujourd’hui, le défi est autre : résister au changement climatique, accompagner la transition industrielle et moderniser la logistique.
Cap sur les 200 000 conteneurs
Pendant longtemps, Brest vivait de vrac et de carburants. Mais en quelques années, la conteneurisation s’est imposée comme l’axe majeur de transformation. « Nous faisons 30 000 conteneurs par an, mais notre objectif est clair : atteindre très vite les 100 000, puis notre capacité maximale de 200 000 », affirme Christophe Chabert. Une progression fulgurante, presque inattendue.
Pourquoi Brest ? Pourquoi maintenant ? Parce que le commerce maritime mondial a basculé. « On est passé du sac à la palette, puis au conteneur. Si nous ne suivons pas ce mouvement, la Bretagne perdra sa capacité logistique », insiste-t-il.
Nous sommes un port industriel et logistique. Pas un décor. Pas un terminal de croisière. – Christophe Chaber…