Couverture du journal du 29/08/2025 Le nouveau magazine

ENTRETIEN. Isabelle Combarel, Arkéa Capital : « La finance durable n’est pas un trompe-l’oeil »

À la tête d’Arkéa Capital, filiale du groupe finistérien Crédit Mutuel Arkéa, Isabelle Combarel défend une vision engagée du capital-investissement. Depuis le Forum économique breton, elle insiste sur le rôle des investisseurs dans la transformation durable des entreprises et souligne l’avance de la France en matière de finance responsable.

Isabelle Combarel, directrice générale d'Arkéa Capital ©7Jours/Bruneau

Isabelle Combarel, directrice générale d'Arkéa Capital ©7Jours/Bruneau

Vous êtes à la tête d’Arkéa Capital depuis dix-huit mois. Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

Isabelle Combarel. Cela fait 25 ans que je travaille dans le secteur de la finance. J’ai débuté à la Maif, au sein de la direction des investissements, en tant que gestionnaire actions cotées, avant de rejoindre Ofi Asset Management puis Swen Capital Partners, que j’ai contribué à fonder en 2015. Spécialiste de l’investissement non coté, j’ai ensuite pris la direction d’Arkéa Capital l’an dernier. J’exerce depuis Bordeaux, ma ville natale, même si ma vie professionnelle se partage entre Bordeaux, Paris et Brest.

LIRE AUSSI : 🔴 Revivez notre live du 10 septembre au Forum économique breton. Jean-Pierre Rivery, président de la CCI Bretagne : « En Bretagne, nous ne sommes pas toujours d’accord, mais nous savons où nous allons »

Arkéa Capital en quelques chiffres ?

IC. Arkéa Capital, c’est plus de 40 ans d’histoire, une soixantaine de collaborateurs répartis sur sept implantations régionales (Brest, Rennes, Nantes, Bordeaux, Paris, Strasbourg et Lyon), et 1,3 milliard d’euros sous gestion. Nous accompagnons une centaine d’entreprises – start-up, PME et ETI – en tant qu’actionnaire minoritaire, sur des périodes allant de cinq à sept ans. Notre rôle est d’aider les dirigeants à financer leur développement, traverser les crises et renforcer la résilience de leurs sociétés dans un environnement en mutation rapide.

Une entreprise qui n’intègre pas les enjeux environnementaux et sociétaux se trompe de sujet.

La finance durable : effet de mode ou véritable levier de transformation ?

IC. Ce n’est absolument pas un trompe-l’œil. La finance durable est la finance d’aujourd’hui et de demain. Une entreprise qui n’intègre pas les enjeux environnementaux et sociétaux se trompe de sujet : elle peut générer du profit à court terme mais ne sera pas pérenne.

Chez Arkéa Capital, c’est au cœur de notre stratégie et de notre plan 2030. Nous avons été pionniers en intégrant des équipes dédiées aux sujets ESG, mais il faut aller toujours plus loin. Cela implique de croiser les expertises financières avec des compétences scientifiques, notamment pour accompagner la décarbonation des entreprises. La finance durable n’est donc pas une contrainte : c’est une créatrice de valeurs, financières et extra-financières, et une opportunité pour renforcer la compétitivité de la France et de l’Europe.

DÉCOUVRIR AUSSI : Breizh Invest PME : investisseur minoritaire pour enjeu majeur

Où en est la France, justement, sur le sujet ?

IC. La France n’est pas en retard, bien au contraire. Elle a toujours eu un rôle de leader en Europe, aussi bien sur le non coté que sur le coté, et conserve une avance par rapport aux marchés européens et américains.

Certes, il y a eu parfois des maladresses réglementaires, à vouloir aller trop vite, alors que nos entreprises avaient besoin de préserver leur compétitivité. Mais les récentes simplifications, comme le paquet « omnibus » lié au Pacte vert européen, permettent d’adapter le rythme de mise en œuvre. L’essentiel est de maintenir le cap : la France et l’Europe ont développé de véritables expertises qui constitueront demain un avantage compétitif majeur.