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ENTRETIEN. Retraite des dirigeants : anticiper pour ne pas payer le prix fort

La retraite d’un dirigeant n’a rien de comparable à celle d’un salarié. Entre revenus variables, cotisations réduites, fiscalité complexe et enjeux patrimoniaux, anticiper devient essentiel. Dans cet entretien, Marine Boyé, consultante en gestion de patrimoine chez Cerfrance Brocéliande à Antilope Van, le Breton qui trace sa route (22), explore les principaux pièges, les stratégies efficaces et les conseils pratiques pour sécuriser sa retraite, optimiser la cession de son entreprise et préparer sa transmission familiale.

La retraite d’un dirigeant n’a rien de comparable à celle d’un salarié.

La retraite d’un dirigeant n’a rien de comparable à celle d’un salarié. ©Shutterstock

Pourquoi la retraite est-elle plus complexe pour un dirigeant que pour un salarié ?

Marine Boyé. Pour un salarié, la retraite repose sur un mécanisme relativement clair : il peut espérer un taux de remplacement d’environ 75 % de son dernier revenu. La baisse de pouvoir d’achat est réelle, mais elle reste progressive et prévisible. Pour un dirigeant, la situation est bien différente. Lorsqu’il exerce en SARL sous statut TNS (travailleur non salarié), ses cotisations sont beaucoup plus faibles que celles d’un salarié, qui supporte à la fois charges patronales et salariales. Résultat : les droits acquis sont moindres, et l’écart entre revenus d’activité et pension peut atteindre jusqu’à 50 %.

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Certains dirigeants choisissent de débuter en SARL afin de limiter leurs charges, puis de passer en SAS si l’entreprise se développe. Ce changement augmente le niveau de cotisations, mais pose aussi la question de l’équilibre à trouver. En théorie, les économies réalisées grâce à des cotisations plus faibles devraient être placées en épargne pour compenser. En pratique, cela exige une discipline financière constante et une réelle anticipation de la vie à la retraite.

Au-delà des revenus, un dirigeant doit également intégrer la dimension patrimoniale : gestion de holdings, immobilier professionnel, organisation de la transmission familiale. Autant de problématiques qui ne concernent pas un salarié, mais qui sont déterminantes pour sécuriser la retraite d’un chef d’entreprise.

Marine Boyé, consultante en gestion de patrimoine chez Cerfrance Brocéliande.

Marine Boyé, consultante en gestion de patrimoine chez Cerfrance Brocéliande. ©DR

Quels sont les plus grands pièges rencontrés par les chefs d’entreprise ?

MB. Un des premiers écueils consiste à céder trop vite aux arguments commerciaux des banques qui proposent un Plan épargne retraite (PER). On met en avant la déductibilité des versements comme une économie d’impôt immédiate. En réalité, ce n’est qu’un décalage fiscal : à la retraite, les sommes seront de nouveau imposées. J’ai vu des clients hésiter à sortir leurs fonds, car la fiscalité à la sortie était trop lourde. Résultat : frais d’entrée, frais de gestion… Et peu de réelle optimisation.

Un autre piège, c’est d’être trop absorbé par l’activité et de ne rien anticiper. P…