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GRAND FORMAT. 60 000 Rebonds : l’échec entrepreneurial, un tremplin comme les autres

Et si l’échec, en dépit de la déflagration psychologique qu'il peut représenter, n’était qu’une étape comme les autres vers la réussite ? L’association 60 000 rebonds accompagne les dirigeants après la liquidation de leur entreprise. Pari gagnant : 95 % d’entre eux retrouvent une activité. Aujourd’hui, 54 accompagnements sont en cours dans les 4 antennes bretonnes, et 147 sur l’ensemble du Grand Ouest. Pour incarner cette mission, la Bretagne peut compter sur Martine Laruaz, vice-présidente régionale. Ancienne cheffe d’entreprise et juge d'un tribunal de commerce, elle connaît à la fois les défis de la croissance et la fragilité des parcours.

Martine Laruaz, vice-présidente régionale de 60 000 Rebonds.

Martine Laruaz, vice-présidente régionale de 60 000 Rebonds. ©7Jours / Didier Echelard

« La loi efface les dettes, pas les larmes », rappelle Martine Laruaz, vice-présidente Bretagne depuis juin 2025 de 60 000 rebonds. Les échecs entrepreneuriaux, la vie économique en est jalonnée. Selon l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs (GSC – Altares), paru en août 2025, 31 260 chefs d’entreprise en France ont perdu leur emploi au premier semestre 2025, soit plus de 170 par jour. La hausse reste modérée (+ 4,3 % par rapport à 2024), mais touche surtout des dirigeants expérimentés. L’âge médian des dirigeants touchés est de 46 ans, avec un tiers des pertes d’emploi entre 41 et 50 ans. Les plus de 60 ans affichent la plus forte progression (+ 20,9 %). Les très petites entreprises (moins de cinq salariés) concentrent plus de huit pertes d’emploi sur dix (26 313 cas), tandis que les TPE de six à neuf salariés connaissent une forte augmentation (+ 17,2 %).

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Pour paraphraser Charles Pépin, philosophe et auteur d’un ouvrage plein de sens Les Vertus de l’échec (2016), ceux qui échouent sont ceux qui ont osé. C’est précisément ce que l’association 60 000 rebonds, portée en Bretagne par Martine Laruaz, entend valoriser en accompagnant les chefs d’entreprise qui ont perdu leur société, suite à une liquidation, depuis moins de deux ans, ainsi que les auto-entrepreneurs et professions indépendantes qui ont arrêté leur activité depuis moins de 24 mois.

7 Jours / Didier Echelard

La rencontre avec 60 000 rebonds

Cet engagement en faveur des entrepreneurs en difficulté puise ses racines dans le parcours de Martine Laruaz. Si elle n’a pas elle-même connu la perte de son entreprise, ses treize années comme juge bénévole au tribunal de commerce de Laval, où elle vit à l’époque, lui ont donné à voir, de très près, les conséquences, notamment psychologiques, des revers entrepreneuriaux.

Rien ne prédestinait cette fille d’agriculteurs vendéens à diriger des entreprises. Diplômée en gestion, Martine Laruaz débute chez Ouest-France avant de gravir les échelons jusqu’à la présidence de Publi Hebdo, devenu depuis Actu.fr. Puis, avec son mari, elle reprend une entreprise spécialisée dans l’isolation extérieure dont le siège se situe à Laval (53). Ensemble, ils la transforment en PME florissante : de 7 à 30 millions d’euros de chiffre d’affaires, de 30 à 150 salariés, avant de la céder les rênes aux cadres dirigeants.

C’était exactement ce que je cherchais : une structure capable d’aider concrètement les dirigeants après un échec.

En parallèle de son activité professionnelle, au tribunal de commerce de Laval elle voit « la détresse humaine derrière les chiffres », confie-t-elle. Cette expérience la convainc de l’importance d’un accompagnement humain au-delà des procédures. En 2023, à la suite du décès accidentel de Guillaume Mulliez, président national de l’association, Martine Laruaz découvre 60 000 rebonds. Le déclic est immédiat. « C’était exactement ce que je cherchais : une structure capable d’aider concrètement les dirigeants après un échec », raconte-t-elle.

En juin 2025, elle devient vice-présidente Bretagne de 60 000 rebonds Grand Ouest, qui regroupe la Bretagne, les Pays de la Loire et le Centre-Val de Loire et dont la présidence est assurée par Éric Thalgott. Sa mission est claire : incarner et développer l’action sur un territoire où le nombre de bénéficiaires ne cesse d’augmenter, avec 90 % d’entrées supplémentaires en 2025 par rapport à 2024, un chiffre en trompe-l’œil car ils sont portés par l’ouverture de nouvelles antennes départementales, à l’instar de celle du Finistère ouverte il y a un an. En Bretagne, le taux de pertes d’emploi est le plus faible de France soit 1 084 dirigeants (+ 0,7 % versus + 4,3 % au national). Les chiffres bretons mettent en évidence des secteurs solides comme les secteurs assurance et finances comme les plus solides (-46,2 %).

« C’était exactement ce que je cherchais : une structure capable d’aider concrètement les dirigeants après un échec. » ©7 Jours / Didier Echelard

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