Couverture du journal du 01/10/2025 Le nouveau magazine

GRAND FORMAT. Rencontre avec Hervé Coulombel : Tisser haut la toile de Royal Mer

Aux commandes d’un des derniers fleurons de l’industrie de la maille française depuis 2016 avec son frère, Hervé Coulombel a insufflé une nouvelle vie à la marque Royal Mer, et à son produit emblématique, le pull marin. À La Regrippière (44) et à Saint-Pierre-de-Plesguen (35), deux ateliers abritent l'audace du patron, qui, en reprenant l’entreprise, lui a évité la faillite. Six ans plus tard, Real Stamm - la société détentrice de Royal Mer - affiche 5,1 millions d’euros de chiffre d’affaires pour 2023. Mais pour assurer sa pérennité, la diversification s’impose ; le chef d’entreprise, aussi vice-président de la Fédération française du prêt-à-porter, le sait. Il compte sur un produit innovant, un exosquelette textile. Rencontre au siège à Dinard (35) avec cet entrepreneur inclassable, qui tient bon la barre.

Hervé Coulombel, président de Royal Mer ©Studio Carlito

Hervé Coulombel, président de Royal Mer ©Studio Carlito

L’homme est un tricoteur de chances. Il ne croit pas au hasard mais aux opportunités que l’on crée, avec une part de risque de préférence, sans cela, la vie serait dénuée de saveur. Et, qu’on se le dise, Hervé Coulombel est plutôt du genre réfractaire à la monotonie. Sa présence dégage une force intranquille, comme si son esprit était perpétuellement en ébullition. Les énigmes sans réponse chatouillent sa curiosité. C’est ce qui explique probablement son petit côté aventurier des causes perdues. Avec Royal Mer, le pari était grand. Mais il en fallait plus pour faire renoncer l’entrepreneur qui, comme tout gémeau qui se respecte, est un idéaliste.

La reprise de Royal Mer

Il signe le retour en grâce d’une marque oubliée. En 2016, à la barre du tribunal de commerce de Nantes, accompagné de son frère Roland, il reprend l’entreprise Royal Mer Bretagne et 45 des 55 salariés. « Il fallait dépoussiérer la marque. Ce qui a retenu notre attention, c’est le savoir-faire de l’équipe. » Ce savoir-faire, hérité du tricotage de pulls de marins, remonte à 1946 avec Madame Soulard, une passionnée du tricot produisant, à l’époque, 15 pulls par semaine. Rejointe par son fils en 1957, Robert Morinière, ils fondent ensemble Royal Mer Bretagne.

©RoyalMer

L’équipe de l’atelier de La Regrippière (44) ©RoyalMer

Se diversifier pour se démarquer

Contrats de sous-traitance : 1/4 d’activité

La diversification est essentielle pour alimenter les deux ateliers, dotés de 30 machines à tricoter et 50 machines à coudre. Celui de La Regrippière (44) et ses 62 techniciens sont dédiés à Royal Mer. À Saint-Pierre-de-Plesguen (35), les 18 salariés travaillent sur d’autres marques. Un quart de l’activité de Real Stamm (royal tricot en breton) provient de contrats de sous-traitance avec des marques premium et luxe telles qu’agnès b., Sézane, et une grande maison de luxe parisienne qui a commandé 1 300 plaids. Le patron y voit un levier de développement. « L’aménagement d’intérieur ou faire des packagings pour des maisons de luxe, des trousses, des emballages tricotés. »
Toujours dans cette optique de diversification, les équipes ont planché sur un modèle de chaussures Royal Mer. « Fausse bonne idé