Qu’est-ce qu’un conciliateur de justice, quelles sont vos missions ?
Denis Frelat. Le conciliateur est un auxiliaire de justice bénévole. Notre rôle est de régler à l’amiable les problèmes des justiciables et de les aider à trouver une solution commune à leur conflit. Nous sommes LA solution pour éviter de passer devant le juge. En effet, la justice fait peur, c’est onéreux et les délais sont longs. Faire appel à un conciliateur ne coûte rien et si le dossier n’est pas complexe, c’est assez rapide.
Nous traitons toutes sortes de problèmes, des problèmes de voisinage, problèmes en lien avec des baux ruraux, les conflits entre propriétaire et locataire, les litiges entre commerçant, les litiges de contrat de consommation… Mais nous ne sommes pas compétents pour régler les litiges en matière d’état civil, les conflits familiaux ou les conflits avec l’administration.
« Quand ils nous consultent, les gens sont dans l’inquiétude la plus totale. Nous devons les rassurer »
Quelles sont les particularités de votre fonction ?
D. F. Nous devons vraiment être à l’écoute des gens. Il faut faire preuve d’empathie mais nous faisons de l’empathie cognitive. Nous sommes là pour comprendre le problème mais on ne se met pas à la place des gens. Il faut aimer le dialogue, savoir écouter et être très disponible (Denis Frelat consacre une vingtaine d’heures par semaine à cette fonction, ndlr). Nous devons aussi beaucoup les rassurer. Quand ils nous consultent, les gens sont dans l’inquiétude la plus totale. Nous ne prenons parti pour personne. J’écoute les positions de chacun pour proposer ensuite une solution à leur litige, alors que le juge est là pour appliquer le droit, donc c’est assez différent. Les parties peuvent accepter ou refuser la solution. Nous rédigeons ensuite un procès-verbal que nous envoyons au tribunal judiciaire pour garder une trace. Il n’est pas nécessaire d’avoir fait du droit pour devenir auxiliaire de justice. Même s’il y a beaucoup d’anciens magistrats ou d’anciens avocats, ce n’est pas une condition pour devenir conciliateur de justice. Moi-même je travaillais dans l’industrie pharmaceutique.
C’est une activité bénévole, pourquoi c’est important selon vous que cela reste ainsi ?
D. F. Si cette activité était rémunérée, cela deviendrait un métier et ça ne l’est pas. La conciliation est une justice indépendante de l’amiable. Si nous étions rémunérés, nous serions amenés à prendre une position qui ne serait plus celle de l’amiable. Les avocats et les médiateurs sont là pour ça, nous, c’est différent.
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