« Il ne faut pas hésiter, c’est bientôt la fête des mères. » Sur le rythme des coups de marteaux, chacun y va de son prix dans les locaux du hangar du commissariat des ventes de Saint-Grégoire. Parmi la quarantaine de personnes venues assister à la vente, certaines sont là « juste pour offrir des cadeaux à mes proches », quand d’autres ont fait le déplacement depuis Paris, comme cet acquéreur au fond de la salle, enchaînant les achats.
Des acheteurs, chineurs, ou curieux, face, aussi, à d’autres concurrents : plus de 200 suivent la vente et enchérissent en direct derrière leur écran. Le timing est serré. Et, bien sûr, les ventes pleuvent : un collier Swarovski mis à prix 20 euros vendu 50 euros ; un collier en or 18k mis à prix 1 300 euros vendu 2 080 euros ; un tableau mis à prix 40 euros vendu 290 euros ; une Rolex mise à prix à 3 000 euros vendue 11 800 euros ; un lingot vendu 14 120 euros.
« Une caverne d’Ali Baba »
Cette vente était organisée par l’Agrasc, l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués. 86 lots étaient mis en vente : des bijoux, des tableaux, ou encore des montres issus des saisis dans le cadre de procédures judiciaires : trafic de stupéfiants, blanchiment, escroquerie, cambriolages… « Cette vente un peu particulière des scellés d’un tribunal est une première en France. Le but est de reproduire cette opération déstockage dans d’autres juridictions », explique Aurélie Poirier, magistrate coordinatrice des antennes régionales de l’Agrasc de Lille, Nancy et Rennes.
Elle décrit d’ailleurs « un travail de fourmi d’aller dans ces scellés, et de trouver tout ce qui était valorisable. Des biens qui dormaient depuis longtemps dans les caves du tribunal judiciaire de Rennes. »
60 000 euros d’objets mis aux enchères
La précédente vente de biens saisis par le tribunal de Rennes avait eu lieu en septembre 2023 et portait sur des véhicules de luxe, « mais nous ne faisons pas que ce type de ventes », poursuit Aurélie Poirier. Pour cette vente, sur les 86 lots mis aux enchères et estimés à 60 000 euros, la justice en a finalement récolté 120 060. « La somme sera reversée au budget de l’État ou aux fonds de concours dédié à la lutte contre le trafic de stupéfiants. »