Magali Martinskevitch est la gérante du C coiffeur, rue du Chapitre à Rennes. Un salon qu’elle a ouvert en 2020, « quinze jours avant le Covid ! » indique-t-elle en riant, et après une carrière de formatrice chez L’Oréal. Au C coiffeur, on propose un service 4 étoiles : « Nous passons entre 1h et 1h15 par cliente », soit le double du temps moyen, environ 30 minutes dans un salon moyenne gamme. Un parti pris volontaire : « Nous ne pouvons pas bien travailler en proposant une coupe brushing en 30 minutes avec un temps d’échange et un soin, c’est impossible », dit-elle. De plus en plus, le besoin de se couper les cheveux s’est transformé en un moment privilégié pour prendre soin de soi : « Les clients veulent autre chose, ils veulent du temps pour eux, aller chez le coiffeur c’est un moment à soi, un moment pour soi, se créer une bulle, raconte-t-elle. Ici, nous prenons le temps de faire une consultation, de discuter, expliquer, imager. »
Un ticket moyen de 53 euros
En France, le ticket moyen d’un rendez-vous chez le coiffeur est de 53 euros, et avec l’inflation « les clients espacent un peu leur rendez-vous ». D’autre changements sociétaux influent aussi le métier. Par exemple, depuis quelques années, moins de femmes se teignent les cheveux pour dissimuler leurs cheveux gris, « elles se sont libérées de ces contraintes de devoir porter des couleurs », continue la gérante.
Une facture d’eau multipliée par deux
La salon doit faire face à des hausses des coûts de l’énergie : « Nous avons toujours été un salon écologique, nous recyclons les cheveux et nous faisons attention à notre consommation d’électricité. Mais notre facture d’eau a doublé l’an dernier. Nous avons installé des buses pour contrôler ça. » Il y a aussi les hausses de prix de fournisseurs qu’elle a forcément dû repercuter sur les prix des prestations.
Côte recrutement, Magali Martinskevitch note que la nouvelle génération est plus « volatile ». Alors pour attirer les candidats, elle bichonne son personnel : « Ils ne travaillent que trois samedis par mois et seulement quatre jours par semaine, mais ils font des journées plus importantes. » Un système gagnant-gagnant : « Je voulais des amplitudes d’horaires importantes du lundi au samedi et il est tout à fait normal qu’ils aient envie d’une vie privée. » Tout en soulignant que « le commerce, cela reste le commerce. Un boulanger ne peut pas ne pas travailler le dimanche, c’est pareil pour nous le samedi ou au moment des fêtes. »
« Les formations sont obsolètes »
Magali Martinskevitch milite aussi pour plus de modernité dans les écoles de coiffure : « Les formations, notamment en CFA, sont trop obsolètes ; il faut apporter de la modernité pour donner envie à la nouvelle génération de faire ce métier ».