Il y a dans les murs de Maison Cadiou l’empreinte d’un métier artisanal autant que celle d’un destin familial. C’est à Locronan, dans le Finistère, que Guillaume Cadiou créé son premier établi en 1949. Il travaille le bois et assemble de belles charpentes pour les fermes situées aux alentours. Ronan Cadiou, le père d’Emmanuelle, reprend l’atelier familial au tournant des années 1970. Avec son épouse Monique, il fonde officiellement la PME en 1973, épaulé de trois ouvriers, parmi lesquels deux fidèles compagnons de son père. À l’heure du déjeuner, tous mangent ensemble dans la maison familiale. À l’époque, on travaille exclusivement le bois, pièce par pièce, planche après planche. Mais une petite révolution se prépare à bas bruit. Le PVC débarque d’Allemagne et Ronan Cadiou, toujours en quête d’innovation, y voit un matériau d’avenir.
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Avec ses portails, clôtures, garde-corps, pergolas ou carports, l’entreprise familiale affiche 110 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 730 salariés. ©7Jours/Echelard
Les premières fabrications en plastique sont destinées au monde agricole. Fenêtres, ventilations et gaines apparaissent alors dans les bâtiments d’élevage. Et pour cause : le PVC résiste aux effluents porcins et se nettoie facilement. La crise porcine des années 1990 rebat les cartes. Les investissements dans les équipements agricoles s’effondrent, les trésoreries se tendent et les commandes se raréfient. Ronan Cadiou sent le vent tourner. À partir de ses savoir-faire dans le PVC, il imagine une nouvelle application avec des portails pour l’habitat individuel, blancs, légers, faciles à poser, montés sur une ossature aluminium.
Dans un premier temps, la diffusion reste locale. Mais l’entreprise décroche un référencement national chez Bricomarché. Les volumes explosent grâce à des commandes groupées de mille unités et la Maison Cadiou est confrontée à des enjeux logistiques nouveaux. « À l’époque, Bricomarché commandait mille portails d’un coup. C’était colossal pour nous », se souvient Emmanuelle Cadiou. Tandis que les ventes se multiplient, la marque gagne en visibilité et Cadiou se structure en un fabricant industriel.

Maison Cadiou est forte de plus de 730 salariés. ©7Jours/Echelard
L’avènement d’une stratège
À partir de 1998 et toujours avec un coup d’avance, la PME abandonne progressivement le PVC au profit l’aluminium. Il est jugé plus durable, plus léger, et surtout plus adaptable aux nouvelles demandes en termes de couleur et de design. La production tourne alors à plein régime et les bâtiments poussent les uns après les autres le long de la route départementale : à chaque extension correspond une poussée d’activité, un nouveau lot d’embauches ou à des machines…