À la veille du début des Jeux paralympiques, c’est un patron enthousiaste qui décroche son téléphone. Le président de Doudou et Compagnie, Alain Joly, est en chemin vers son usine de La-Guerche-de-Bretagne, où plus de 40 couturières ont fabriqué 400 000 du 1,3 million de Phryges mises sur le marché par Doudou et Compagnie. Une vingtaine de ces emplois avait été créée spécialement pour produire les mascottes des JO de Paris. Grâce au succès « extraordinaire » des ventes et aux projets de l’entreprise, tous les postes sont pérennisés.
« La cérémonie d’ouverture a été une telle réussite que la Phryge est devenue l’ambassadrice des JO. » Vendant la mascotte à des revendeurs, Doudou et Compagnie ne dispose pas de tous les chiffres de ventes B to C. Mais Alain Joly évoque quelque 40 000 pièces écoulées dans les corners des grands parisiens, « ce qui est colossal, sans compter les boutiques officielles des Jeux, les 150 gros vendeurs de souvenirs… Dans certaines boutiques de travel retail, il est arrivé que 10 000 pièces soient vendues en une journée. »
25 % de mascottes paralympiques
Les chiffres ne devraient faire qu’augmenter puisque les revendeurs continuent leurs commandes, de mascottes paralympiques cette fois, reconnaissables à leur lame. « Jusqu’à présent, la Phryge paralympique représentait 25 % des ventes, mais l’écart devrait se resserrer. » Les couturières de l’usine de La-Guerche finalisent les 5 300 Phryges remises à tous les médaillés, avec un rappel de la couleur du métal remporté et une série limitée de 2024 mascottes numérotées.
Et Doudou et Compagnie a signé un contrat avec le Comité international olympique pour continuer à produire la mascotte après les Jeux, « comme un produit héritage ».
30 millions d’euros de chiffre d’affaires
30 % des mascottes vendues par Doudou & Cie (400 000 pièces) ont été entièrement fabriquées en Ille-et-Vilaine, à La-Guerche-de-Bretagne. « Nous avons triplé la demande de l’appel d’offres, qui était de 10 % de production française. » L’entreprise s’est dotée d’un outil industriel adapté, ce qui a nécessité le déménagement de l’atelier de Châteaubourg (35), sur le site d’une ancienne jardinerie à La-Guerche en 2019, avant même d’avoir remporté l’appel d’offres des Jeux olympiques. Les locaux s’étendent sur 3 000 m2 et représentent un investissement de plusieurs millions d’euros. Sur les 4,5 millions de peluches fabriquées chaque année par l’entreprise d’Alain Joly, l’objectif, pour les années à venir, est d’en réaliser 10 % sur le site de La-Guerche.
Si l’entreprise – qui se partage le marché des Phryges avec Gipsy Toys, basée à Ifs (Calvados) – reste discrète sur le niveau de rentabilité de l’opération JO, une chose est sûre : les objectifs de chiffre d’affaires sont atteints. « Nous serons à 30 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024, + 50 % par rapport à 2022. Nous connaîtrons forcément un trou d’air en 2025, mais nous travaillons à retrouver ce rythme de croisière en 2026. »
Roland-Garros, PSG…
Dans un contexte de recul de la natalité de presque 7% en 2023 par rapport à 2022, qui impacte forcément le marché des produits pour les nourrissons et le premier âge, Doudou & Cie continue de creuser son sillon dans l’événementiel sportif. La collaboration avec le grand tournoi de tennis Roland-Garros est de nouveau confirmée pour cette année. À cela vient s’ajouter un nouveau contrat avec le club de football Paris Saint-Germain. D’autres événements sportifs devraient s’ajouter à la liste mais ils restent encore confidentiels. « Nous sommes aussi sur les rangs pour candidater pour les Jeux de Los Angeles et surtout les Jeux d’hiver de 2030, qui auront lieu en France. » L’entreprise mise aussi sur le segment « kidultes » – comprendre, des adultes à l’âme d’enfant, avec des produits « lifestyle ».
L’ouverture d’une boutique-usine et d’une école de formation devrait ancrer encore davantage Doudou & Cie dans le paysage breton. « Il y a un vrai mouvement de balancier en faveur de la réindustrialisation en France. Avoir une usine sur le territoire est un réel vecteur d’activité. Maintenant, la demande, très forte, est à mettre en regard du prix, conclut Alain Joly. Chez Doudou, notre ADN est la pérennité des produits. »