« On franchit le cap des 20 000 entrées payantes sur le Fort. C’était 13 000 en 2022 – l’année compliquée – et 17 000 l’an passé », indique François Floret, le directeur de la Route du Rock, lorsqu’on lui demande de parler « chiffres », entouré de Pierre Templé, co-programmateur et Ludovic Renoult, président de l’association organisatrice. « Des équilibres de public sur les trois soirées, avec une programmation légèrement moins chère que l’an passé, donc c’est bien ! Il y a maintenant des festivals généralistes qui picorent dans le rock indé, nous, on fait avec les moyens du bord. On continue. Et l’on voit un intérêt des artistes à venir chez nous, il y a une identité du festival, de longue date. Un ancrage dans le temps. De nombreux artistes adorent et souhaitent venir jouer ici et rencontrer les autres groupes, c’est une famille artistique. »
Cela aide aussi à jouer sur les tarifs… Parler argent avant musique ? Pragmatique, car le sujet est compliqué et la pérennité d’un tel évènement est toujours en question, à l’heure de la multiplication des festivals par les labels, des surcoûts, des assurances, des cachets. L’équilibre se joue parfois en grappillant 3 000 euros là, en refusant une demande d’artiste, pour serrer les prix. « On a toujours été prudent, mais on ne boude pas notre plaisir de prendre des grands noms ! Le budget est de 500 000 euros sur la programmation du fort. »
« Nous avons toujours eu la pluie »
« C’est notre première fois à la Route du Rock, et on est tellement content », indique, de manière récurrente, les jeunes groupes sur scène en saluant le public. Car ici, d’année en année, on suit des carrières, les noms reviennent et jalonnent les 32 ans d’histoire de la Route du Rock. Blonde Redhead y joue pour la 3e fois, pas sous l’orage cette année comme en 2004, mais devant un public encore trempés 25 mm de pluie tombés vendredi soir. Le trio confiant à l’organisation : « Nous avons toujours eu la pluie. La prochaine fois, nous voulons un arc-en-ciel ! »
Les rangs se resserrent toujours devant la scène pour The Kills, le duo rock qui passe pour la 4e fois au festival. « Il y a aussi une histoire entre Air et le festival… Alors, en effet, il y a un petit vol d’exclu avec les JO de Paris, mais c’était difficile de lutter contre ! (rire) Il y a un engouement pour cette tournée Air en Europe et dans le Monde, et on est la seule date dans l’Ouest. »
« Étienne Daho, c’est presque lui qui a demandé à jouer ici ! » Et l’enfant du pays est lumineux, généreux sur scène, heureux d’être là. « Il n’est pas de hasard, il est des rendez-vous.* » Comme ceux avec la Route du Rock, chaque année.
*Début de la chanson Ouverture d’E.Daho (sortie en 2000)