Sur les hauteurs du port de Brigneau, à Moëlan-sur-Mer (Finistère), la végétation s’épanouit sous le vent salin et le chaud soleil du printemps. À l’ombre des grands arbres, les pieds dans l’herbe mouillée de rosée, une dizaine de personnes s’appliquent à récolter du thé à la main. Du thé en Bretagne ? « Le territoire breton, à la fois océanique tempéré, chaud et humide, est idéal pour la culture du Camellia sinensis », explique Cécile Brunet, productrice de thé dans le Finistère.
DANS LE MÊME DOSSIER : La filière thé bretonne en construction
Nous sommes dans l’un des sept clos des Jardins agricoles où Cécile Brunet fait pousser du thé, pour la marque lorientaise Maison Théerie, entre autres. « Il ne faut prendre que les feuilles tendres : le bourgeon et deux ou trois feuilles, les autres sont trop dures. » Avec minutie, chacun pince les jeunes feuilles, puis place sa délicate récolte dans un filet. « C’est une course contre le temps, rappelle Benjamin Sieuw, maître théier. Pour produire du thé vert, nous devons être rentrés à l’atelier de Lorient dans l’heure qui suit la récolte, sinon le thé va commencer à s’oxyder. » Une récolte donne environ 12 kg de thé frais.

La Maison Théerie devrait être à l’origine de 180 kg de feuilles fraîches en 2025. ©Guillaume Gatefait
Le même souci de fraîcheur anime Mikaël Demezet, cofondateur de SEIM à proximité de Saint-Briac, en Ille-et-Vilaine. SEIM, créée avec sa compagne Claire Henocque sur des terres familiales, cultive actuellement 4 500 m², dont 3 500 m² de théiers et 1 000 m² d’arbres « partenaires », à l’instar de poivriers, fruitiers ou encore de quelques oliviers, pour soutenir la biodiversité. « Nous développons un système agroécologique fondé sur la robustesse des écosystèmes locaux, sans mécanisation, sans intrants chimiques, avec une attention particulière à la vie des sols », énumère Mikaël Demezet.
Une polyculture raisonnée
Dans ses jardins, Cécile Brunet a choisi de mélanger les cultures, afin de profiter d’alliances entre les végétaux : « J’ai plus de 8 000 pieds de théiers plantés, dont 5 000 productifs, que je mêle à d’autres cultures, dans un fonctionnement naturel, sans mécanisation ni intervention chimique. » Dans ce clos, on trouve notamment des agrum…