À Rennes, l’été 2025 est celui des grands écarts. Dans un contexte morose pour la profession, certains acteurs de l’hôtellerie-restauration observent une fréquentation globalement soutenue, mais avec de fortes nuances selon les jours, les segments d’activité et la localisation. « En juillet comme en août, nous sommes complets quasiment tous les soirs, à la fois sur les 25 chambres et une bonne partie de nos neuf studios », assure Nolwenn Helaine, réceptionniste à l’hôtel Garden, classé en trois étoiles.
LIRE AUSSI : Le Mama Shelter de Rennes a trouvé sa vitesse de croisière

Julien Brescia (à gauche), deputy general manager du Mama Shelter de Rennes, se dit satisfait de la saison estivale. ©7Jours/Rolland
Même constat au Mama Shelter, où les taux d’occupation restent solides sur les week-ends, avec une pointe de fréquentation pour le week-end du 15 août. « Sur ce week-end-là, nous sommes complets. Ensuite, la demande baisse légèrement, mais nous sommes tout de même à 60 % de taux d’occupation », indique Julien Brescia, directeur général adjoint de l’établissement. Le contexte économique pèse toutefois sur les habitudes de consommation.
Fréquentation en demi-teinte, dépense qui recule
Du côté de la restauration, les arbitrages budgétaires se font sentir. « L’activité du restaurant fonctionne bien, mais il faut rester vigilant. Dans tout le Grand Ouest, la restauration accuse un recul estimé à 20 à 25 % de son activité », alerte Julien Brescia. Le ticket moyen s’en ressent. Au Mama Shelter, il s’établit autour de 23 à 24 euros le midi, pour grimper à 30 voire 35 euros le soir.
À La Cabane, un bar restaurant bien implanté sur le mail François Mitterrand, le ticket moyen, le midi, est compris entre 23 et 25 euros, mais les habitudes évoluent. « Il y a deux types de clients. Ceux qui prennent un menu complet et parfois une boisson grâce à leur ticket-restaurant et ceux qui partagent une bière et ne prennent qu’un plat. On sent que le pouvoir d’achat a baissé, les gens font attention », confie Maximilien Grabowski, directeur de l’établissement.
L’activité du restaurant fonctionne bien, mais il faut rester vigilant. Dans tout le Grand Ouest, la restauration accuse un recul estimé à 20 à 25 % de son activité.
ET AUSSI : Gueuleton à Rennes : l’adresse qui affole les bons vivants

Maximilien Grabowski, directeur de La Cabane, sur le mail François Mitterrand. © 7Jours/Rolland
Dans les hôtels, la clientèle étrangère est un véritable levier de fréquentation. « Nous recevons beaucoup d’Allemands, d’Espagnols, de Suisses et d’Anglais. En été, la moitié de notre clientèle est constituée de touristes étrangers », indique Nolwenn Helaine. Le Mama Shelter enregistre une tendance similaire, marquée par des séjours courts mais répétés, souvent liés à des choix de dernière minute. « De nombreux visiteurs font escale à Rennes une ou deux nuits, parfois parce que les hôtels de la côte sont pleins, mais aussi pour découvrir la ville », relève Julien Brescia.
Une météo pourtant favorable
Pour certains bars, la météo favorable n’a pas toujours suffi. Au Gazoline, institution alternative du centre de Rennes, la fréquentation estivale est en recul par rapport aux deux années précédentes. « Je pensais que nous allions travailler davantage. Il y a moins de monde ce mois-ci à Rennes que les années précédentes », déplore l’un des salariés.
À proximité de la gare, le constat ne diffère pas. Si bien qu’à la crêperie l’Épi de Blé, les équipiers absents ne sont pas remplacés. « La baisse de fréquentation implique des ajustements dans l’équipe. Nous assistons à une baisse du nombre de clients », exprime un responsable de l’établissement. Cette crêperie, qui assure le service de 11 heures à 22 heures, a évalué la baisse de fréquentation de 10 à 15 % par rapport à l’année 2024.

Outre la fréquentation, les dépenses sont aussi en berne. © 7Jours/Rolland
Les clients font des choix budgétaires et nous en sommes les premières victimes.
Près de Saint-Jacques-de-la-Lande, rue de Nantes, les spécialités Indiennes et Ceylanaises ne font pas de miracle non plus. Kulasegaram Ravindran, qui tient son restaurant Le Bombay depuis plus d’une décennie, n’en revient pas. « D’habitude, je suis complet les midis, plus particulièrement le mardi et le vendredi. Là, plus rien. Tout est vide. » Il ne peut pas non plus compter sur les touristes malgré la proximité avec la gare. Le pouvoir d’achat, en baisse, exige des concessions de la clientèle : « Les clients font des choix budgétaires et nous en sommes les premières victimes. »
LIRE AUSSI : Les Castels, bastion indépendant breton de l’hôtellerie de plein air
« La Bretagne reste attractive »
Si la capitale bretonne profite d’un certain effet d’aubaine (séjours raccourcis, report de fréquentation depuis la côte, tourisme à vélo vers le Mont-Saint-Michel), cette dynamique ne suffit pas à masquer une tendance de fond. « La Bretagne reste attractive et moins chère que le Sud, mais Rennes n’est pas toujours une destination finale. Les touristes qui séjournent ici repartent souvent dès le lendemain », remarque Maximilien Grabowski.
Dans ce paysage en demi-teinte, des établissements semblent malgré tout tirer leur épingle du jeu. Le Mama Shelter, par exemple, dispose d’un rooftop qui rencontre un franc succès, tandis que l’hôtel Garden mise notamment sur son activité cyclotouristique pour séduire une clientèle étrangère en itinérance. « Les vélos sont livrés chez nous et les clients partent ensuite vers le Mont-Saint-Michel. Ce partenariat attire de nombreux touristes », illustre Nolwenn Helaine.