« Le monde agricole prend son avenir en main et les trackers solaires en sont un bel exemple. Je suis heureux d’être là pour soutenir cette initiative», a déclaré en préambule le climatologue Jean Jouzel, invité pour l’occasion. Et pour ces éleveurs, « trop souvent stigmatisés » lorsque l’on parle d’environnement, la démarche est d’importance. Elle leur permet d’un côté de faire face à l’envolée des prix de l’énergie et de l’autre de participer à la nécessaire transition écologique.
À la manœuvre, la coopérative des Fermiers de Janzé, qui a négocié un achat groupé avec Okwind « Cet accord commercial est une première. Il montre comment une coopérative peut accompagner ses adhérents également sur l’aspect énergétique » a d’ailleurs fait remarquer Louis Maurice, président du groupe Okwind. Un déploiement qui se fait, de plus, sans subvention publique.
« Le monde agricole prend son avenir en main »
Un investissement de 50 000 euros
Sur les 170 éleveurs de volailles de la coopérative, 63 ont tout de suite adhéré au projet, achetant au total 65 trackers. Un choix que ne regrette absolument pas Marina Maussion présidente de la coopérative, et propriétaire de 5 poulaillers de 4 300 poulets chacun « Avec la hausse des coûts de l’énergie, cela nous a paru évident de nous équiper pour assurer notre autonomie. C’est un investissement d‘un montant de 50 000 euros pour un tracker d’une superficie de 117 m2 capable de produire environ 40 000 kWh par an.» Idem pour Nicolas Giboire. Des retombées regardées à la loupe par les autres adhérents de la coopérative dont certains ont déjà émis le souhait de s’équiper à leur tour.
Le tracker solaire d’Okwind est un dispositif mécanique qui permet de suivre la courbe du soleil comme un tournesol
« Stockage virtuel »
Les trackers solaires d’Okwind ont la particularité d’avoir une faible emprise au sol, limitant ainsi son artificialisation. Ce bras motorisé permet à l’installation photovoltaïque de suivre la course du soleil et d’améliorer le rendement de l’installation. Bien sûr la nuit, il n’y a pas de soleil… donc pas d’électricité. La solution proposée aux éleveurs est simple. Soit ils injectent leur surplus de kilowattheures produits pendant la journée dans le réseau électrique pour les consommer en retour quand ils en ont besoin, soit ils revendent leur surplus sur le marché de l’électricité. Mais au-delà de ce « stockage virtuel », les éleveurs apprennent également à piloter leur consommation et à modifier certaines habitudes « On adapte notre consommation, par exemple on recharge la voiture électrique de notre exploitation la journée, plutôt que la nuit », explique Marina Maussion.
Okwind fait partie des pionniers de l’agrivoltaïsme. Créée en 2009, la société basée à Torcé propose notamment aux acteurs du monde agricole d’installer des panneaux photovoltaïques amovibles et orientables sur leurs exploitations. La hauteur des trackers solaires et leur faible emprise au sol permettent le passage de tous les engins agricoles en dessous (tracteurs, épandeurs, moissonneuses batteuses, …). Une solution qui séduit de plus en plus d’agriculteurs qui peuvent ainsi assurer leur propre production énergétique.
Le Groupe Okwind annonce une croissance de 66% de son chiffre d’affaires 2022 à 41,8 M€ et vise 80 M€ de chiffre d’affaires en 2023 avec un an d’avance sur sa feuille de route.
La France en pointe sur l’agrivoltaïsme
Pour encadrer ces nouvelles pratiques et éviter les dérives, la loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables, adoptée par l’Assemblée nationale le 31 janvier dernier, définit et encadre l’agrivoltaïsme. Elle précise par exemple l’interdiction de panneaux solaires au sol sur les terres cultivables, impose que leur installation soit réversible et que la production d’électricité ne peut être l’activité principale. « Pour la première fois, nous donnons, en droit, une définition de l’agrivoltaïsme avec des conditions et un encadrement équilibrés et clairs. Le texte vient également encadrer l’installation de panneaux photovoltaïques sur le sol agricole, afin qu’aucune terre fertile ne soit sacrifiée et qu’aucune forêt ne soit inutilement coupée », a déclaré la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.
Jean Jouzel, climatologue
Le climatologue Jean Jouzel
Pour le climatologue Jean Jouzel, homme de science originaire de Janzé, il y a urgence à multiplier les initiatives. « Nous ne tiendrons pas l’objectif de contenir le réchauffement climatique à 1,5°, mais nous devons continuer à œuvrer pour nous en rapprocher. En France nous avons pris du retard sur le renouvelable », alerte celui qui est également médaillé d’or du CNRS. « Nous avions comme objectif d’avoir 24% de notre énergie issue du renouvelable or nous sommes actuellement à 20%. D’autant que le gouvernement veut porter la part des énergies renouvelables à 40 % en 2030. » Et d’ajouter « La solution apportée par OKwind aux adhérents de la coopérative des Fermiers de Janzé est un exemple concret qu’il est possible d’agir, de façon immédiate, en faveur de la transition environnementale et de l’avenir de ceux qui nous nourrissent. »