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EXPERTISE. Prêts bancaires et clauses abusives : quand le droit européen replace la protection de l’emprunteur au cœur de l’échiquier, les banques tremblent

Bien que passé sous les radars, un évènement majeur est survenu en droit processuel et bancaire français en 2024. La Cour de cassation a rendu un avis d’importance le 11 juillet 2024 n°24-70.001, en précisant que le juge de l'exécution peut constater qu'une clause est abusive et la déclarer « réputée non écrite », mais il ne peut toutefois ni annuler le titre exécutoire ni le modifier. Le coup est rude pour les prêteurs. Par Guillaume Fricker, avocat au barreau de Saint-Malo – Dinan, administrateur de l’Association des Avocats Praticiens des Procédures et de l’Exécution (AAPPE), également auteur et formateur en voies d’exécution pour les éditeurs juridiques Lexbase, Dalloz (EJT), Lamy Liaisons.

Guillaume Fricker est avocat au barreau de Saint-Malo – Dinan ainsi qu'administrateur de l’Association des Avocats Praticiens des Procédures et de l’Exécution.

Guillaume Fricker est avocat au barreau de Saint-Malo – Dinan ainsi qu'administrateur de l’Association des Avocats Praticiens des Procédures et de l’Exécution. © Guillaume Fricker

Pour comprendre l’importance de cet avis, il faut poser quelques principes de droit et rappeler ce qu’est une clause abusive. Tout contrat de prêt contient, dans ses conditions générales et particulières (les petites lignes), des clauses qui organisent la vie du contrat. Sa formation, son exécution et sa fin. Logique. On retrouve ainsi une clause relative à la défaillance de l’emprunteur et aux conséquences de celle-ci sur la vie du contrat. Cette clause vient sanctionner les impayés non régularisés par une déchéance du terme. C’est-à-dire, la disparition du remboursement échelonné du prêt dont le montant devient immédiatement exigible. C’est ici que se pose la question de la protection de l’emprunteur consommateur.

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Une clause est considérée comme abusive, au regard du code de la consommation, quand elle crée un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat, au détriment du consommateur (Art L. 212-1 du Code de la consommation). Que se passe-t-il dans ce cas ? La clause est réputée non écrite. Elle ne s’applique pas. Aïe.

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Pourquoi cet avis du 11 juillet 2024* rendu par la deuxième chambre civile de la Cour de Cassation ? La jurisprudence européenne contraint les Etats membres de l’Union européenne à se poser la question de l’impact des clauses abusives sur l’exécution forcée, et plus particulièrement s’agi…