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D’Hollywood à Netflix : le boss français de l’animation est Rennais

Né à Rennes, Kristof Serrand étudie aux Gobelins et aux Beaux-Arts de Paris. Il commence sa carrière au studio Gaumont sur le long métrage Astérix. En 1989, il rejoint le studio de Steven Spielberg, Amblimation à Londres. Puis, il participe à la création des studios Dreamworks à Los Angeles où il travaille sur plus de 20 films (Le Prince d’Égypte, Spirit, Kung Fu Panda…). En 2020, il devient superviseur de l’animation pour Netflix Europe. Il travaille aujourd’hui avec Alain Chabat sur une série « Astérix ». Il fait partie du jury du festival de films d’animation qui se déroule à Rennes du 1er au 5 avril.

Kristof Serrand a été superviseur de l’animation pour Netflix Europe de 2020 à 2022. Il est membre du jury du festival d'animation de Rennes qui commence le 1er avril. ©DR

Kristof Serrand a été superviseur de l’animation pour Netflix Europe de 2020 à 2022. Il est membre du jury du festival d'animation de Rennes qui commence le 1er avril. ©DR

7J : Le festival du film d’animation commence le 1er avril à Rennes. En quoi un tel événement est important ?

Kristof Serrand : J’ai un regard historique car j’ai vécu de l’intérieur la création de l’événement, qui est une émanation du festival d’Annecy. Ce festival met en valeur les films français. Quand j’étais à Hollywood, je faisais campagne pour les films français. Je suis membre de l’Académie des Oscars depuis une quinzaine d’années donc je participe à la sélection des films; j’ai défendu des films français comme « Ernest et Célestine » ou « J’ai perdu mon corps ». Mais je défends les bons films en général, qu’ils soient français ou pas. Je regrette que les films d’animation ne soient pas davantage diffusés en salle de cinéma et le festival a ce mérite-là.

Kristof Serrand est membre de l’Académie des Oscars depuis une quinzaine d’années.

7J : Guillermo del Toro a reçu l’Oscar du meilleur film d’animation pour sa relecture du conte Pinocchio. Lors de son discours, il a dit : « L’animation c’est du cinéma. Ce n’est pas un genre. » Pourquoi a-t-il jugé nécessaire de le rappeler ?

KS : Guillermo est un copain, je le connais depuis longtemps. Il rejoint une longue lignée de gens qui défendent l’animation en tant qu’art du cinéma. Jeff Katzenberg (ancien patron de Dreamworks, ndlr) avait aussi dit « animation is not a gender ». C’est un discours que je tiens depuis des années. L’animation est une technique. Il est possible de faire des films policiers, dramatiques, d’horreur, des comédies… C’est avant tout du cinéma.

7J : D’un côté, on entend dire que l’animation est en crise. De l’autre, de très belles productions sortent chaque année. Où se trouve la vérité ?

KS : Je ne sais pas où est la vérité (rires). J’entends que l’animation est en crise depuis que je suis étudiant aux Gobelins. Selon moi, elle n’est pas du tout en crise ! Certains vont dire que c’est en crise car on fait des mauvais films, d’autres parce qu’on ne fait pas assez de productions. L’animation se porte bien, il n’y a qu’à voir le nombre d’écoles en France et à l’international. Des milliers d’étudiants en sortent chaque année. Il y a peu de chômage aujourd’hui dans ce secteur, alors que j’ai connu des périodes plus dures. Certains studios ont même du mal à recruter. Il y a beaucoup de communautés dans l’animation (films d’auteur, films américains, film 2D,3D, longs ou courts métrages) donc chacun à sa propre vérité.

7J : Vous avez été superviseur de l’animation pour Netflix Europe de 2020 à 2022. Est-ce que les plateformes comme Netflix portent préjudice au cinéma d’animation ?

KS : Je regrette que les gens n’aillent pas dans les salles pour voir les films. Voir un film chez soi n’est pas la même expérience que sur grand écran. Mais sans Netflix, il y a de nombreux beaux projets qui n’auraient pas vu le jour. Donc cela dépend de si on voit le verre à moitié plein ou à moitié vide.

7J : Vous travaillez toujours pour Netflix mais sur un projet précis, une série d’animation sur Astérix réalisée par Alain Chabat. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

KS : C’est une mini-série animée de cinq épisodes qui adapte l’album « Le combat des chefs » , écrite et réalisée par Alain Chabat. Je suis directeur d’animation sur le projet. Je collabore avec l’équipe du studio TAT de Toulouse, qui est très talentueuse. Travailler sur Astérix me ramène à mes débuts. J’ai appris à lire dans Astérix, j’ai appris à animer avec Astérix, j’ai travaillé un peu avec Uderzo avant de quitter la France. Didier Conrad, qui a repris le dessin d’Astérix, est un ami. Avec ce projet de série, la boucle est bouclée. Je travaille dessus jusqu’au premier semestre 2024.

Kristof Serrand est directeur de l’animation de la mini-série sur Astérix écrite et réalisée par Alain Chabat.

7J : Pour finir, quels sont les films d’animation récents que vous recommanderiez ?

KS : Il y a un film en stop motion que j’ai très envie d’aller voir : « Interdit aux chiens et aux Italiens » (projeté au festival de Rennes, ndlr). Mon dernier coup de cœur, même si cela date un peu, est « J’ai perdu mon corps » de Jérémy Clapin. Celui-là, il faut le voir !

 

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