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GRAND FORMAT. À Saint-Malo, l’archipel Raulic

Le groupe breton Raulic cultive, depuis plus de quarante ans, un modèle d’hospitalité à part. Propriétaire exploitant d’une dizaine d’établissements, de deux blanchisseries industrielles et de plusieurs ateliers intégrés, il excelle dans l’art du soin et de recevoir. Un archipel de pierres et de convictions, aujourd’hui emmené par Olivier Raulic, l’héritier d’une saga hôtelière débutée à Plancoët durant l’après-guerre.

Olivier Raulic constitue, avec sa soeur Charlotte Raulic-Bordron, la troisième génération à la barre du groupe Raulic. © 7Jours/Didier Echelard

Olivier Raulic constitue, avec sa soeur Charlotte Raulic-Bordron, la troisième génération à la barre du groupe Raulic. © 7Jours/Didier Echelard

Si l’image du groupe Raulic est intimement liée à Saint-Malo (35), les prémices de la saga familiale ont pour théâtre la commune costarmoricaine de Plancoët (22). Car avant le Grand Hôtel des Thermes qui trône face à la mer, il y eut l’Hôtel de la Gare. Et avant Serge puis Olivier Raulic, il y eut Ernestine et Alexandre Raulic. Au sortir de la guerre, la ferme familiale ne suffit plus à faire vivre tous les membres de la famille. Il faut bifurquer et trouver le moyen d’assurer sa subsistance. Le couple se lance alors dans l’hôtellerie-restauration et pose ses valises dans une bâtisse posée près des rails de la gare de Plancoët. L’établissement et sa trentaine de chambres ne désemplissent pas. En cuisine, Ernestine ; sur les routes, Alexandre, qui pédale d’un village à l’autre pour acheter du beurre, des œufs et de la viande.

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On célèbre alors, à l’hôtel de la gare, des noces et des banquets en enfilade. Les gens du cru s’y marient, les voyageurs s’y rendent en villégiature, et peu à peu l’hôtel devient une véritable institution. Le sens de l’accueil et le goût de l’hospitalité animent déjà la famille Raulic. Après la guerre, tout est à refaire. Il s’agit de nourrir, loger, soigner… C’est cette dernière idée qui permet d’ouvrir un nouveau chapitre.

Le Grand Hôtel des Thermes emploie environ 470 salariés en haute saison.

Le Grand Hôtel des Thermes emploie environ 470 salariés en haute saison. © 7Jours/Didier Echelard

À l’aube des années 1970, le couple s’associe au Docteur Lemée, un médecin de la région, pour fonder Velleda, une maison de convalescence avant l’heure. « Ils ont inventé un modèle de soins de suite, à mi-chemin entre hôpital et hôtel. Ça n’existait pas ou si peu. Ils ont été pionniers », glisse Olivier Raulic, directeur général qui a rejoint le groupe en 2007. Le lieu reçoit des patients en postopératoire, propose des soins infirmiers, de la surveillance médicale ou encore de la rééducation douce. On y trouve des bassins de mobilisation, des chambres sobres et un personnel pluridisciplinaire. Le succès est rapide, surtout à une époque où les séjours hospitaliers raccourcissent. Velleda perdurera jusqu’en 2006, date à laquelle le site sera cédé au groupe Orpea. Mais déjà, la génération suivante, incarnée par Serge Raulic, se prépare à écrire une autre page.

Un pari face au Sillon

Lorsqu’il se penche sur les Thermes Marins de Saint-Malo à la fin des années 1970, Serge Raulic n’achète pas une affaire florissante. Il acquiert une ruine ou presque. Le bâtiment centenaire, transformé en hôpital de fortune pendant la guerre, a été partiellement abandonné. Il n’accueille plus que des bassines sous les toits, des sanitaires collectifs vieillissants, et dispose de chambres trop petites. En somme, rien ne correspond aux standards d’une hôtellerie moderne. Mais l’emplacement, lui, est unique. Face à la mer, sur la digue du Sillon, à quelques encablures de Saint-Malo intra-muros. « Il n’y avait plus rien d