Armel Barraud : « designer dentellière »
Formée aux Arts décoratifs à Paris, c’est à Bayeux, auprès de la dentellière Mylène Salvador qu’Armel Barraud s’est prise de passion pour la dentelle aux fuseaux. Au point de tout apprendre de cette technique immortalisée par Vermeer dans La dentellière du Musée du Louvre, cela aux côtés des meilleurs artisans de Vila di Conde au Portugal et de Rauma en Finlande. Forte de cette expérience enrichie à la Cité de la dentelle de Calais, au Japon, en Chine et poursuivie aujourd’hui à Rennes, Armel Barraud a vite compris que, pour continuer à faire vivre la dentelle aux fuseaux, il fallait en renouveler l’expression. Elle s’est donc muée en « designer dentellière », selon ses propres mots, en travaillant en même temps le fond et la trame mais avec des fils d’argent, de laiton et d’acier : « J’ai appris la technique de la dentelle aux fuseaux dans le but de l’intégrer à mon travail afin que cette nouvelle matière me permette d’atteindre une forme d’expression qui associe dessin, récits et fils. Mon travail de designer dentellière est celui d’une dessinatrice. Mon dessin apparaît grâce à la matière du fil libre de tout support. »
À la frontière du dessin et du volume, ses compositions sont tout de finesse, de légèreté et de poésie. Le fil impose son mouvement et l’ombre projetée sur le mur anime ce que l’on perçoit au premier abord. Armel Barraud s’inscrit dans la grande tradition de l’art populaire avec tout ce qu’il comporte de savoir-faire, de poésie, de rêve pour raconter des histoires peuplées de personnages légendaires : sirènes, hommes-lions, sphinx dans un entrelacs de fleurs et de végétaux stylisés.
Marie-Serge Coïc : sculptures cinétiques
La passion de Marie-Serge Coïc pour la maille, la dentelle et la broderie remonte à l’enfance avec une parfaite maîtrise de tous les travaux d’aiguille : tricot, crochet, dentelle au fuseau, broderie de Lunéville apprise auprès de personnes âgées au grand savoir-faire. Marie-Serge Coïc a choisi le fil de cuivre, argenté ou peint.
À la fois souple, léger et résistant, il se prête au mouvement et s’anime au moindre souffle d’air. Elle le travaille en volume, au crochet, avec une finesse extrême, en y alliant des mécanismes d’horlogerie et de boîtes à musique qui disent son émerveillement pour les auto-mates. Au Mans, son atelier s’appelle Tricéphale Création (qui a trois têtes), une manière d’évoquer son goût pour l’alliance des techniques, des disciplines, des médiums, des univers, y compris sonores. Marie-Serge Coïc n’a pas de formation académique. Elle travaille le métal d’instinct.
Dans ses œuvres au crochet, « il y a comme un engagement physique avec la matière car, pour former la maille, chaque brin doit être poussé non sans difficulté ». Ses sculptures animées suscitent l’étonnement : des petites méduses aux filaments frémissants, les doigts d’une main qui pianote, une oreille qui vibre au son de la musique, un œil avec des battements de cils, un cœur qui se contracte au rythme des pulsations.
Marie-Serge Coïc est fascinée par l’anatomie humaine et le fonctionnement du corps, par la complexité des systèmes vasculaire et nerveux. Elle a une attirance pour le cœur, fil de la vie ! Il lui inspire des ex-voto aussi précieux qu’émouvants.
Jusqu’au 19 octobre 2024 à la galerie L’Antre Temps, 45 rue de la Parcheminerie, à Rennes.
Mardi et mercredi 11h-17 h 30, jeudi et vendredi 12h-18 h 30, samedi 14 h 30-19h.
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