Qu’est-ce qu’un huissier-audiencer, quelles sont vos missions à la cour d’appel de Rennes ?
Sandrine Lasserre. L’huissier-audiencier est l’une des nombreuses fonctions du métier d’huissier. Mon rôle c’est de faire en sorte que le procès se passe bien, pour que la justice puisse être rendue sereinement. En début d’audience, j’ai une mission d’accueil des justiciables. Je reçois donc les avocats, les parties civiles, les prévenus, les détenus et leurs escortes. Avant que le procès ne commence, je m’occupe de l’appel des causes, c’est-à-dire l’appel des parties civiles, des prévenus, des escortes des détenus. Je gère l’ordre de passage des avocats selon le protocole (les avocats qui viennent de loin sont prioritaires, puis les plus anciens, les commis d’office etc.). Je le fais à voix haute, car l’audience est publique et le procès solennel.
J’ai aussi un rôle de maintien de l’ordre sous l’autorité du président. Chuchotements, portables qui sonnent, c’est moi qui fais la police, je suis la garante de la bonne tenue du procès.
Un métier passionnant que j’occupe depuis treize ans, découvert sur le tard. Auparavant, je travaillais dans le secteur du tourisme. Cela peut paraître étonnant, mais je retrouve des similitudes entre ces deux métiers, le sens de l’accueil et l’écoute notamment.
« Nous assistons à des procès qui sont autant d’histoires différentes. »
Quelles sont les particularités de votre métier ?
S. L. C’est un métier exigeant qui demande une grande organisation, puisque je suis sans bureau, ni ordinateur ! Je suis toute la journée dans des salles d’audiences, ou dans les couloirs pour aller chercher des dossiers. Je suis salariée et mandatée par quatre cabinets d’huissiers de justice différents. Je suis responsable des procès correctionnels, des audiences de la chambre d’instruction et des audiences sur intérêts civils de la cour d’appel. Aucune journée ne se ressemble, nous assistons à des procès qui sont autant d’histoires différentes. Les audiences peuvent finir très tard, je ne sais jamais à quelle heure je termine. Avec, parfois, des moments difficiles à vivre : s’il est rare qu’un prévenu parte directement en prison après son procès en appel, j’en ai vu quelques-uns ces derniers temps et c’est marquant. Cela n’enlève rien à ce qu’ils ont fait mais cela reste des moments difficiles.
En 2026, le métier d’huissier fusionne avec celui de commissaire-priseur judiciaire, qu’est-ce que cela va changer ?
S. L. Oui, les deux professions fusionnent jusqu’en 2026. À partir de cette date, on ne dira plus huissier ou commissaire-priseur judiciaire mais seulement commissaire de justice. Concrètement cela signifie que l’huissier de justice aura des missions supplémentaires, comme celles des ventes aux enchères publiques.
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