L’ombre de l’IA sur les jugements
« Je vais engager une réflexion de l’usage de l’IA dans nos métiers d’avocat, c’est un sujet préoccupant à plusieurs égards. La crainte est que cet outil soit utilisé pour pallier le manque de magistrats, par exemple pour la rédaction des jugements. Les juges ont une si lourde charge de travail, et les prévisions de recrutement ne sont pas à la hauteur des besoins. Le plan quinquennal pour la justice prévoit la création de près de 10 000 emplois d’ici 2027, certes, mais seulement 1 500 postes de magistrats et 1 500 postes de greffiers; le reste, c’est pour la pénitentiaire.
Avec l’IA, comment faire jurisprudence ?
L’inquiétude est aussi sur l’usage de l’IA dans la résolution des conflits juridiques, en matière familiale comme commerciale. C’est entrer dans cette notion de « justice prédictive », mêlant les décisions de justice passées à un algorithme… un non-sens : l’analyse, la contextualisation, l’interprétation, le travail conjoint des 70 000 avocats de France ancrés dans la société fait évoluer la lecture des textes de loi par la jurisprudence. Avec l’IA, comment faire jurisprudence ? Ou encore, est-ce que demain, la résolution de conflit de moins de 5000 euros se fera par le biais d’une plateforme de traitement automatique des dossier…