Le groupe Sill Entreprises a connu d’importantes évolutions dernièrement : une réorganisation du capital, votre arrivée à la présidence du directoire, les rachats des potages Knorr et des skyrs Puffy’s. Ces changements annoncent-ils une nouvelle ère ?
Sébastien Floc’h. Il ne s’agit pas d’un grand chamboulement, mais plutôt de la continuité d’un groupe historique, familial et local. Nous avons mis en place les conditions pour pérenniser cette aventure débutée en 1962, par les familles Falc’hun et Léon. C’est maintenant la troisième génération qui est à la barre. On cherche à créer des passerelles entre les bases historiques et l’avenir.
Notre grand enjeu : rester une ETI familiale et locale, ancrée dans son territoire. Une entreprise indépendante et qui veut le rester, même si le marché est difficile : on voit bien que nos concurrents sont de très grands groupes laitiers, comme Lactalis, Danone ou Nestlé, réalisant des milliards de chiffre d’affaires. Nous sommes un petit poucet dans un environnement de géants. Sill Entreprises est néanmoins un acteur important de la région, et ne conçoit pas son avenir sans la Bretagne. C’est un capitalisme de temps long, fiable, loyal et durable. On réorganise dans la continuité…
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Sébastien Floc’h : « Notre grand enjeu : rester une ETI familiale et locale, ancrée dans son territoire. » ©7Jours/Didier Echelard
Vous parlez d’ETI familiale : quelle est la place des familles fondatrices dans le capital et dans la gouvernance de Sill Entreprises ?
Nous avons renouvelé nos partenaires financiers, qui étaient entrés en 2008 au moment de l’acquisition de Malo par le groupe. Cette participation représentait environ 15 % du capital. Aujourd’hui, on reste sur la même proportion, mais avec de nouveaux partenaires (Unexo, Idia Capital investissement et SGCP), afin de préparer l’avenir. Les familles conservent donc 85 % du capital du groupe.
Et nous en avons profité pour réorganiser la gouvernance. Je suis devenu président du directoire, et je suis accompagné de deux directeurs généraux, Tristan Falc’hun et Henri Léon. Nous avons créé un conseil de surveillance présidé par Gilles Falc’hun et son fils aîné Gurvan Falc’hun a été nommé vice-président. Ce conseil veille sur la stratégie et la gouvernance, c’est l’organe suprême du groupe Sill Entreprises. On conserve un comité de direction composé de dix personnes.

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Notre grand enjeu : rester une ETI familiale et locale, ancrée dans son territoire.
En 2024, le groupe annonçait un objectif de 900 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici à cinq ans, et un doublement de taille. Où en êtes-vous de ces ambitions et comment comptez-vous les réaliser ?
Nous travaillons sur cette trajectoire depuis 2019 et l’opération est déjà bien engagée : notre premier plan quinquennal est réussi puisque nous sommes passés de 430 à 659 millions d’euros de chiffre d’affaires en cinq exercices, essentiellement grâce à la croissance organique. Nous avons réorganisé le groupe autour de quatre métiers : les produits laitiers frais – notre cœur de métier, avec les marques Malo, Le Gall, Petit Basque et Grandeur Nature (bio) -, la nutrition et les ingrédients, les jus et potages (La Potagère), les surgelés.
Sill Entreprises compte 1 700 collaborateurs. Le pôle laitier représente presque 60 % du chiffre d’affaires avec le frais et les ingrédients. Les 40 % restants sont répartis entre le végétal (17 %) et les surgelés (19 %). Pour assurer notre croissance et consolider nos quatre métiers, nous voulons nous donner davantage de moyens sur l’innovation et proposer de nouveaux produits réconciliant le goût et la qualité, la tradition et la modernité. Par exemple, nous avons beaucoup travaillé sur l’évolution de Malo et le développement de recettes propres, contenant moins de sucre et d’additifs. Même chose avec le beurre Le Gall : nos recettes sont traditionnelles, nous sommes parmi les seuls acteurs du marché à proposer du beurre de baratte à base de crème maturée, des produits qui ressemblent à ceux que fabriquaient nos grands-parents.
Yaourts en pots cartons, beurre de baratte, potages frais : vous proposez des produits plutôt traditionnels. Comment positionnez-vous vos marques et quelles sont vos pistes de développement ?
Nos produits sont différe…