Une petite inquiétude est palpable chez Entremont (Sodiaal), tout comme chez ses concurrents du secteur laitier, où la filière est confrontée, entre autres, à la fièvre catarrhale bovine. « Cela peut potentiellement impacter la production laitière des animaux. C’est le cas en Belgique, mais aussi dans certaines régions de France. Pour l’instant, nous ne sommes pas touchés, mais nous sommes vigilants », commente Patrick Wecxsteen, directeur de bassin laitier Grand Ouest chez Sodiaal.
Celui-ci s’inquiète également des mesures de rétorsions chinoises, en réaction à l’augmentation des droits de douane sur les véhicules électriques en provenance de l’empire du Milieu. « Les Chinois ripostent sur les produits issus de l’agroalimentaire, comme le beurre et le fromage », ajoute-t-il.
Enfin, les négociations sont délicates avec la grande distribution depuis l’instauration de la loi Egalim. Pour maintenir leur marge, les enseignes de GMS sont tentées de s’approvisionner sur les marchés nord européens, où l’emmental est moins onéreux : « C’est un risque pour fin 2024 et 2025. »
Un site majeur
En termes de quantité de lait transformé, le site de Montauban-de-Bretagne est le plus imposant de la région. Chaque année, ce ne sont pas moins de 500 millions de litres de lait qui sont collectés, puis transformés en emmental. À l’échelle de la coopérative Sodiaal, cela représente 10 % des volumes de lait collectés ; soit 2 % du lait collecté en France chaque année. L’unité de Montauban-de-Bretagne dédie la très grande majorité de sa production au marché français de l’emmental en GMS. 500 000 tonnes de fromage sortent chaque année des lignes de production. Râpé ou en portion, l’emmental trouve ici moult débouchés commerciaux.
Quant à l’export, les usines de la coopérative situées à proximité des pays frontaliers sont chargées d’assurer les volumes. Pour parvenir à de tels niveaux de production, le site de Montauban-de-Bretagne s’approvisionne en lait auprès de 600 fermes réparties dans un rayon qui n’excède pas les 50 km. Forte de 300 employés, l’usine devrait se tourner prochainement vers la récupération des eaux de concentration de matière laitière (ECML) : un décret datant de juillet 2024 définit enfin les conditions requises pour la production et l’usage d’eaux réutilisées dans l’industrie laitière.
« Cela nous permettra de diminuer nos approvisionnements en eau potable prélevée sur le réseau », explique Emmanuel Durand, directeur des sites Montauban-de-Bretagne et Maromme. À l’avenir, Sodiaal entend ainsi réduire sa consommation d’eau potable et réaliser, à terme, des économies tout en adoptant une démarche vertueuse et en sécurisant ses approvisionnements.
Prix du lait satisfaisant
Au sujet du prix accordé aux producteurs de lait conventionnel, Sodiaal rémunère 445 euros les 1 000 litres en moyenne en 2024. Un chiffre en baisse par rapport à 2023 (485 euros en moyenne sur l’année), mais en hausse de 30 % par rapport à 2022 (415 euros en moyenne sur l’année), selon Patrick Wecxsteen.
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