Couverture du journal du 01/10/2025 Le nouveau magazine

GRAND FORMAT. Temporis : le travail avant tout

Marie Lanoë est à la tête de trois agences d’intérim, franchisées Temporis à Vannes et Auray (Morbihan). Rien ne la prédestinait à cette fonction. Sinon son addiction au travail et sa passion des rencontres. La dirigeante, recruteuse en chef, est nécessairement douée d'un sixième sens pour cerner les gens, condition sine qua non pour faire matcher les demandes des chefs d’entreprise et celles des demandeurs d’emploi. Elle est membre du Centre des jeunes dirigeants (CJD) de Vannes, où, dès septembre 2024, elle animera la commission bien-être du dirigeant. Retour sur sa trajectoire professionnelle, véritable course de fond, faite d'une multitude d'expériences, toutes complémentaires.

©StudioCarlito

« Je veux être utile aux autres et heureuse au travail », dit Marie Lanoë avec un large sourire. Ce n’est pas une confession qui lui aurait échappé, juste l’ambition d’une travailleuse impénitente de 45 ans qui concrétise ce pour quoi elle est faite. Le travail a été pour elle une sorte de thérapie qui l’a aidée à sortir de sa réserve, à s’affirmer, à se construire pas à pas… Aujourd’hui radieuse, car elle est devenue cheffe d’une entreprise qui fait travailler près de 200 intérimaires en équivalents temps plein, participe au recrutement de deux à trois candidats en CDD ou CDI par semaine et génère près de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires. Mais aussi parce qu’elle est indépendante, à la tête de ses propres agences, de son business. C’est elle qui donne le tempo. Et avec elle, ça ne chôme pas ! « J’ai acheté ma propre liberté en prenant la tête de ces agences et j’ai poussé très fort », reconnaît-elle aujourd’hui. Un investissement physique et moral qui a failli lui coûter cher.

(Hyper) sensible aux autres

Née à Vannes, Marie Lanoë grandit dans une ferme à Sérent, où ses parents élèvent des vaches laitières. Et pas n’importe quelle ferme : la ferme de La Nouette fut le poste de commandement de la résistance locale pendant la Seconde Guerre Mondiale, à laquelle sont venus se joindre les parachutistes SAS début juin 1944. Peu de temps après les combats de Saint-Marcel, elle fut détruite par les soldats allemands. En 1947, un monument aux morts célébrant la résistance bretonne y fut inauguré par le général de Gaulle. La guerre n’est plus qu’un souvenir quand les parents de Marie travaillent inlassablement à la ferme, trouvant même le temps d’être famille d’accueil pour la Sauvegarde de l’enfance. « C’était une maison ouverte à tous et j’étais très fière de l’engagement de mes parents », se souvient-elle. Élève réservée avec de grandes facilités, c’est à travers les livres qu’elle voyage et s’émerveille, notamment avec Maupassant et Pagnol. Hypersensible, ce mot, elle le découvrira plus tard. « Je me suis très longtemps sentie en décalage, confie-t-elle mezzo voce. Aujourd’hui, je m’en accommode parfaitement. »

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Les ressources humaines, une vraie révélation

Quant vient l’heure de l’orientation professionnelle, Marie Lanoë choisit la filière agricole. Un internat à Ploërmel, un baccalauréat STAE à 17 ans et un BTS industrie agroalimentaire à Rennes. Puis, c’est la période des stages en laiterie à Pontivy, Guingamp et en Alsace. « J’ai découvert des gens formid