Dans la baisse généralisée des prix de l’immobilier, annoncée par dernier baromètre immobilier de la Chambre des notaires de Bretagne (une baisse de plus de 30 % des transactions en Loire-Atlantique et de 27 % en Ille-et-Vilaine), le département du Morbihan fait figure d’exception. Et plus particulièrement l’agglomération de Vannes, où les prix ne baissent absolument pas.
Un taux de chômage très faible
Si Vannes a longtemps eu la réputation d’attirer plutôt les jeunes retraités, c’est moins le cas, même s’ils restent le premier profil d’acquéreur (30 % ont plus de 60 ans). La ville est la troisième de Bretagne en termes d’emplois et le taux de chômage y est inférieur à la moyenne nationale (5,7 contre 7,5 % en France). « Les gens vivent et travaillent ici, nous en sommes très fiers, explique Jean-Pierre Rivery, vice-président de l’agglomération en charge de l’économie. Nous avons la plus forte augmentation du nombre d’habitants, en dix ans, de la région. » Lui aussi y voit un effet Covid qui a changé les modes de vie : « Avant, les gens venaient beaucoup ici pour des week-ends prolongés. Aujourd’hui, ils ont inversé la tendance. Ils sont venus s’installer ici et ils vont à Rennes ou Paris pour leur travail quelques jours par semaine », ajoute-t-il.
Une tendance confirmée par Xavier Chabran, notaire à Vannes qui, lui, voit une véritable « conquête de l’ouest » dans le succès de la capitale morbihannaise, avec les difficultés que cela implique en termes de logements pour les locaux. Même les quartiers populaires ont été investis par les classes aisées. « Il devient difficile de trouver une maison à rénover en dessous de 500 000 euros, contre 300 000 il y a dix ans, souligne-t-il. Tous les quartiers se rattrapent, on observe une certaine gentrification. Attention à bien préserver l’équilibre et la mixité sociale. » Ainsi, à Ménimur, ancien quartier « populaire », les prix des maisons atteignent désormais 378 800 euros.
200 000 habitants en 2040
Et les prix pourraient encore augmenter tant la ville ne cesse de se dynamiser. Si l’agglomération de Vannes compte, aujourd’hui, 114 000 habitants, « nous en attendons 200 000 pour 2040 », annonce Jean-Pierre Rivery. Les projets ne manquent pas, la ville accueillera 1 000 étudiants en 2025, avec l’ouverture d’une école de Cybersécurité et d’un Cyber Security Center. 16 millions d’euros ont été investis pour ouvrir ce centre de formation qui sera installé sur l’ancien site de la CCI.
Le territoire, déjà dynamique, veut continuer de se développer, tout en répondant aux nouveaux enjeux économiques : « Nous devons créer 12 000 emplois dans les années à venir », souligne Jean-Pierre Rivery. C’est pourquoi Vannes fait partie des dix territoires industriels prioritaires en Bretagne sélectionnés par l’État. Objectif ? « Créer de nouvelles synergies entre les entreprises et les élus sur les industries vertueuses du futur, notamment l’eau et l’énergie et créer ainsi de nouveaux emplois. »
« On fait le tour des îles après l’école »
Depuis le Covid, les villes à taille humaine attirent plus que les métropoles ultra-dynamiques, qui sont devenues très (trop) chères. À l’instar de Pauline Rondeau et Aurélien Le Bourhis, anciens Rennais qui se sont installés à Ploeren, commune mitoyenne de Vannes avec leurs deux filles. Tous les deux à leur compte, ils avaient envie de s’installer en bords de mer dans une ville plus petite : « On rêvait de ce cadre de vie, raconte Pauline. Le soir, on met les filles sur les stand up paddles, le pique-nique et on part faire le tour des îles après l’école. » Les jeunes parents ont trouvé ici douceur de vivre et de nombreux avantages : « Le réseau de transports est super bien fait, il y a plein de commerces et deux écoles, poursuit-elle. J’ai créé une société de conseil en informatique, je me rends souvent à Paris pour mon travail. Je suis à 7 minutes de la gare, 1h de Rennes et 2 h 20 de Paris en TGV. »