Couverture du journal du 29/08/2025 Le nouveau magazine

« Il est nécessaire que la France reste une puissance industrielle »

Porté à la présidence de l’UIMM le 15 avril 2021, Éric Trappier succède à Philippe Darmayan, qui était arrivé au terme de son mandat de trois ans. La Métallurgie lui confie la responsabilité d’engager ses entreprises dans une dynamique de rebond, après la longue année d’incertitude engendrée par la crise sanitaire. Lui-même confronté au défi d’une économie mondiale bousculée par la covid, le patron de Dassault Aviation, de passage à Lyon, appelle ses troupes à l’optimisme sans relâcher les efforts pour autant.

Certes la crise sanitaire n’est pas terminée et la métallurgie rassemble une très grande diversité d’entreprises, mais globalement comment se porte-t-elle aujourd’hui ?

Elle va plutôt bien. L’activité redémarre fortement dans quasiment toutes les filières. Et même celles qui nous inquiétaient tout particulièrement, à commencer par l’automobile et l’aéronautique, semblent sur la bonne voie. La première doit cependant gérer un problème d’approvisionnement en composants électroniques, qui bride un peu la production. Elle doit aussi composer avec la transition environnementale. On ne passe pas d’un moteur thermique à un moteur électrique en un claquement de doigts et cela inquiète naturellement une partie de nos adhérents, qui sont majoritairement des sociétés investies dans le moteur thermique.

Le cas de la filière aéronautique, que vous connaissez parfaitement, est encore différent ?

La filière aéronautique a en effet été lourdement touchée par cette crise, avec une chute de son activité de l’ordre de 30 à 40 %. Le coup est rude, mais nous avons quelques signaux de reprise. C’est notamment le cas pour les A320 dans la famille Airbus, pour les business Jet de Dassault Aviation… J’ajoute que l’aviation militaire s’est plutôt bien portée pendant cette période. Pour toutes ces raisons, j’ai tendance à penser que nous avons laissé derrière nous la période la plus complexe.

L’horizon s’est donc dégagé ?

Oui, mais il faut rester prudent. La très forte demande qui s’exerce sur les matériaux en raison de la reprise, notamment aux États-Unis, mais aussi sur les composants électroniques, constitue un sujet de préoccupation. La question de l’emploi est un autre point sur lequel nous devons rester attentifs. C’est un paradoxe : nous manquons de bras pour travailler dans nos entreprises, alors que la France compte encore 2,5 millions de chômeurs.

Un travail de pédagogie auprès des jeunes

Le manque d’attractivité de l’industrie vous inquiète ?

Il m’interpelle en tout cas. Nous avons un gros travail d’information à réaliser en direction des jeunes, des parents et des enseignants. Il est incompréhensible que, pour le plus grand nombre, ils pensent encore les métiers de l’industrie réservés aux élèves en échec. Ce n’est pas le cas. Il y a de formidables parcours à réaliser dans l’industrie. Et pour s’engager dans cette voie, l’apprentissage et l’alternance sont des véhicu…