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La série Idéfix et les Irréductibles, fabriquée chez o2o Studio à Saint-Malo

C’est le studio malouin o2o qui a décroché ce contrat en 2019. Un contrat à plus de 4 millions d’euros, pour la fabrication des 52 épisodes de la nouvelle série d’animation 3D mettant en scène Idéfix. Au plus fort de la production, 80 personnes ont planché sur la modélisation et l’animation des quelque 130 personnages, depuis le QG malouin.

série Idéfix et les Irréductibles o2o Studio Saint-Malo

o2o Studio à Saint-Malo © Franck Boisselier

Les aventures d’Idéfix et ses amis les irréductibles, c’est 52 épisodes de 11 minutes diffusés à partir du 28 août sur France TV. C’est en amont un travail de près de 2 ans au studio d‘animation malouin o2o. Et pour les deux dirigeants Christophe Caous et Laurent Paqueteau, c’est surtout une belle satisfaction : « on en retient de très belles relations avec le réalisateur Charles Vaucelle, et Céleste Surugue le Directeur général des éditions Albert René (NDLR : ce dernier pilote l’immense empire Astérix) ainsi que toute l’équipe de production. C’était un gros projet, une grosse licence, et la relation prestataire / client n’a jamais pris le pas, nous avons travaillé collectivement, dans un climat de confiance, un réel plaisir ! »

Par Toutou’Tatis !

Idéfix, ses compagnons de route, les Romains, les habitants de Lutèce (où se déroule l’histoire), ce ne sont pas moins de 130 personnages qui ont été modélisés pour la série. « Un oiseau compte à lui seul 500 points de modélisation » détaille Abel. Sur son ordinateur, de multiples courbes animent ces points de modélisation, pour créer les mouvements et les expressions de chaque personnage.

Une centaine de postes de travail dans le studio de Saint-Malo, sur lesquels on s’applique sur la colorisation, les textures, la lumière, les effets. « L’animation c’est une addition de multiples tâches et détails », à la fois un travail de titan et de fourmi.

série Idéfix et les Irréductibles o2o Studio Saint-Malo

o2o Studio à Saint-Malo © Franck Boisselier

Les retombées économiques

Idéfix, c’est une série à près de 10 millions d’euros, dont près de la moitié a été déboursée à Saint-Malo. « Nous avons investi de notre côté par exemple 200 000 euros dans des serveurs, car il y a eu 1 million d’heures de calcul pour la réalisation de cette série. Nous avons par ailleurs dépensé plus de 400 000 euros de location de logiciel sur les 2 ans. » À cela s’ajoute les recrutements, car o2o Studio c’est 12 permanents, l’équipe s’élargit ensuite en fonction des projets de films. Des recrutements sous le régime de l’intermittence, comme pour tout projet cinématographique : ici le maquilleur et la costumière travaillent avec un clavier d’ordinateur…

« Pour Idéfix, une cinquantaine de personnes est ainsi venue s’installer dans le secteur malouin. Elles seraient très contentes de rester vivre et travailler ici… et nous aussi d’ailleurs ! Le but est bien de consolider o2o. Cela reste un équilibre fragile, aujourd’hui nous sommes encore 50 au studio, demain Jusqu’au prochain projet. »

Une production en temps de confinement : « Chacun a travaillé depuis chez soi pendant le confinement. Chaque technicien prenait la main sur son ordinateur à distance. C’était assez étonnant de voir dans la grande salle tous ces écrans allumés et le travail sur l’écran se faire sans personne assis devant ! »

Les projets ?

« Eh bien on est en discussion pour plusieurs projets ! » indique Laurent. Sans trop en dévoiler, bien sûr la saison 2 d’Idéfix est envisagée. Il y a aussi dans les tablettes un long métrage en co-production européenne, une série 3D française, et le projet hybride fiction/animation autour du jeu vidéo Virtual Past.

Et un projet de création de A à Z ? « En effet, cela fait partie des objectifs. Nous aimerions d’ici 3 à 4 ans développer notre propre série, une licence, avec la création du scénario et des personnages. On a l’équipe pour, ici. Toutes les compétences pour développer un projet de A à Z. »

La création actuelle en animation

De Barbapapa à Sonic, les séries animées s’inspirent bien souvent des univers de la bande dessinée et de jeux vidéo. « En effet il y a aujourd’hui majoritairement des adaptations de licences existantes, il y a peu de prise de risque sur les commandes pour la télévision. La création se voit davantage sur les courts et longs métrages, là on y voit de jolies choses ! »

En France le secteur de l’animation c’est environ 130 entreprises et 7500 salariés, dont plus de 6500 sont des techniciens en CDD d’usage (soit 85 % des effectifs). Paris et Angoulême rassemblent la majeure partie des studios d’animation. En Bretagne trois studios d’animation sortent du lot : o2o Studio à Saint-Malo, JPL Films et Vivement Lundi ! à Rennes.

série Idéfix et les Irréductibles o2o Studio Saint-Malo

o2o Studio à Saint-Malo © Franck Boisselier

Netflix est dans la place

« On voit en effet de nouveaux opérateurs tels que Netfix, sur le marché de l’animation, depuis à peu près 5 ans en France. Ils viennent dans les salons, repèrent une trentaine d’auteurs par exemple, financent les teasers et retiennent quelques projets. Ce n’est pas si mal, c’est un peu un « challenger d’idées », comme pouvait le faire Canal + en son temps. Les diffuseurs classiques mettent beaucoup plus de temps à monter un projet d’animation, cette réactivité est intéressante. Il ne faut pas se fermer à ces nouveaux modes de financement et de diffusion. »

Les 20 travaux d’o2o

Depuis la création en 2015, o2o Studio a notamment travaillé sur Petit Ours Brun et Les Aventures de Polo, deux projets pour Bayard Jeunesse Animation, mais aussi le documentaire Pauline Dubuisson pour France TV, l’épisode zéro des Pandas Dans La Brume de Melting Productions, le long-métrage Bayala en 3D pour Ulysses Filmproduktion, Le Petit Poilu en 2D pour Dupuis Audiovisuel… Une vingtaine de projets, séries diffusées en télévision, long-métrage, spots publicitaires, forment le catalogue du studio o2o.

Dans ce duo de dirigeants, Christophe Caous a le profil administratif et gestion, « j’ai travaillé 25 ans dans les cinémas de Dinan et Dinard, de projectionniste à directeur ». Laurent Paqueteau vient lui de l’univers de l’animation. Malouin d’origine, il a fait ses premières gammes chez Pixibox, studio d’animation malouin (aujourd’hui fermé). Il travaille à Angoulême puis à Montréal pour le groupe Neuroplanet (aujourd’hui fermé), part au Luxembourg pour LuxAnimation puis Fabrique d’Images où il prend la direction du studio comptant une centaine de personnes.

Les questions perso

Un personnage ?

Laurent : « La Linea ! ». Ce personnage juste esquissé par une ligne blanche, apparu dans les années 70, simplicité et efficacité ! »
Christophe : « Moi je pense aux personnages d’une de nos créations pub, pour la Bière des Trolls de la brasserie Belge Dubuisson. J’ai pris beaucoup de plaisir sur cette production ! »

Une passion ?

Christophe : « Les Bd, je lis chaque soir et souvent des bandes dessinées. » Il pourrait aussi dire sa moto… Un ZZR 600 de 1991, une des première 600 à atteindre les 100 chevaux. Laurent : « Une addiction ce serait le café ! Pour le reste, je ne suis pas très matérialiste, j’aime la rencontre, les autres en fait ! »

Un lieu favori ?

Christophe : « Du côté de Dinard, les balades en front de mer vers Port Blanc et Saint-Énogat. »
Laurent : « Les bords de Rance, je pense à la cale de Vigneux juste avant le pont Saint-Hubert. »

Deux mots de jargon dans l’animation

Le rig : ce terme désigne la mise en place des points de pivots et contraintes du squelette d’un personnage ou d’un objet, ce qui permet de l’animer

Le compositing : la phase finale du travail de l’image, récupération des différents niveaux qui composeront celle-ci (décor, personnage, ombres, effets spéciaux…) suite à leur éclairage. Chaque plan sera alors travaillé dans le détail pour obtenir des séquences homogènes tant au niveau de l’ambiance que de la focale.

 

D’où vient ce nom o2o ?

« C’est plus exactement « Aux deux eaux », car le studio est à Saint-Malo, à la jonction de la Rance et la Manche. »