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Notre live au Forum économique breton se termine ici. Merci pour votre présence et vos interactions.
15:45
Table-ronde Relocalisations par les achats : un changement nécessaire de culture en cours
Intervenants : Loïc Hénaff, conseiller régional de Bretagne ; Marianne Guyader, dirigeante de Groix & Nature ; Jean-Pierre Rivery, président de la CCI Bretagne ; Alain Monjaux, président du Conseil National des Achats de Bretagne.
Loïc Hénaff, élu régional délégué aux relocalisations d’activités, au fret et à la logistique et chef d’entreprise :
- « Avec la démarche Relocalisons.bzh, nous avons déjà sensibilisé plus de 3 000 entreprises. Notre objectif est désormais d’ancrer durablement cet outil dans l’accompagnement et les soutiens aux entreprises. »
- « Nous envisageons d’ajouter une dimension “risque” à l’indice d’achat local, à l’image de SovTrack qui identifie les dépendances étrangères d’une entreprise. La Bretagne affiche un score de souveraineté supérieur à la moyenne nationale (79,1 % contre 77,7 %). Par ailleurs, la gouvernance des entreprises bretonnes, davantage assurée par des dirigeants et dirigeantes du territoire, constitue un facteur supplémentaire de résilience. »
Jean-Pierre Rivery, CCI Bretagne :
- « La politique d’achats, ça commence par le patron. Aujourd’hui, 6 entreprises sur 10 déclarent en faire une priorité. »
Marianne Guyader, PDG Groix &Nature :
- « En 2000, mon père, Christian, a créé Groix & Nature avec une conviction forte : relocaliser et redonner vie à cette activité sur l’île. Aujourd’hui, on parle beaucoup de relocalisation ou de RSE ; pour nous, c’était déjà une évidence. Nous appelions cela “le développement durable de proximité”. En réalité, c’est du bon sens paysan, ou plutôt du bon sens groisillon : attachement au territoire, engagement sur la qualité des produits, intégrité dans nos pratiques. »
- « Être entrepreneur dans l’agroalimentaire, c’est aussi porter une culture. La culture à travers la gastronomie, la culture du savoir-faire. Et cela implique un écosystème entier : des maraîchers, des pêcheurs, des fournisseurs… jusqu’au client final, chez qui nous cherchons à recréer de l’émotion et de la fierté. »
-
« Hier, l’innovation, c’était la cuisine moléculaire. Aujourd’hui, c’est la simplicité du bon et du vrai. Et ce choix, nous le vivons jusque dans l’emploi : 53 % de nos collaborateurs sont groisillons. En ce sens, la relocalisation n’est pas un slogan : c’est une nécessité, une manière de faire vivre et rayonner un territoire tout en construisant un modèle d’entreprise durable. »
15:30
Thierry Geffroy, président du groupe Samsic : « Ce que je demande à l’État, c’est de la stabilité »

Thierry Geffroy, président du groupe Samsic ©Samsic
À l’occasion du Forum économique breton 2025 et au lendemain de la mobilisation « Bloquons tout » du 10 septembre 2025, nous avons interrogé Thierry Geffroy, patron du groupe Samsic, sur sa perception du climat économique et social. Présent dans 27 pays, le leader rennais des services aux entreprises plaide pour une vision de long terme et un dialogue élargi à toutes les composantes de la société.
Comment un chef d’entreprise aborde-t-il la situation actuelle, marquée par l’instabilité et les appels à la grève ?
Thierry Geffroy. On ne peut pas nier qu’il existe une instabilité sociale et politique en France. L’inquiétude pèse sur l’emploi et l’économie. Mais pendant que nous débattons, l’Europe et le monde continuent d’avancer. Chaque retard pris ici est difficile à combler dans une compétition mondiale. Ce qui frappe, c’est le regard extérieur : nos partenaires européens ne comprennent pas nos blocages. Ils estiment que la France dispose de tous les atouts et s’étonnent de nous voir nous plaindre. Il faut évidemment corriger des inégalités, mais il faut aussi préserver ce qui fonctionne et cesser de dévaloriser nos réussites.
Nous voulons continuer d’investir sur nos territoires, maintenir et développer l’emploi local. Notre présence au Forum économique breton illustre cette volonté d’ancrage.
Qu’attendez-vous du gouvernement pour créer un climat plus favorable aux entreprises ?
TGe. Avant tout, de la stabilité. Une entreprise s’inscrit dans le temps long et a besoin de règles lisibles et cohérentes. Quand la fiscalité ou les allégements changent tous les cinq minutes, on ne peut pas construire. Je comprends que l’État ait besoin de recettes et qu’il doive financer des missions essentielles comme la santé, l’éducation ou la sécurité. Mais il existe aussi des dépenses dont on pourrait se passer.
Aujourd’hui, nous avons le sentiment de payer beaucoup sans réelle contrepartie. La France est le pays le plus généreux au monde en matière de prestations sociales ; encore faut-il que cette solidarité bénéficie aussi à sa compétitivité. Ce que j’attends, c’est une vision d’avenir, du respect et une capacité à bâtir du consensus.
La croissance de Samsic se joue de plus en plus à l’international. La France reste-t-elle au cœur de votre stratégie ?
TGe. Oui, même si la dynamique est internationale. Nous sommes désormais implantés dans 27 pays et, d’ici deux ans, l’activité sera répartie à 60 % à l’étranger contre 40 % en France. C’est logique car les investissements faits depuis 10, 15 ou 20 ans commencent à porter leurs fruits. Mais la France reste essentielle, tout comme la Bretagne, pour mon cœur et pour nos racines. Nous voulons continuer d’investir sur nos territoires, maintenir et développer l’emploi local. Notre présence au Forum économique breton illustre cette volonté d’ancrage. Un pays se construit en écoutant toutes ses composantes : chefs d’entreprise, salariés, citoyens. C’est à cette condition que l’on peut avancer ensemble.
12:30
Patrick Martin : « Les entrepreneurs doivent reprendre toute leur place dans le débat public »

Patrick Martin, président du Medef.
À l’issue de la signature de convention entre Stratexio et Bretagne Commerce International, Patrick Martin s’est longuement exprimé sur les défis économiques actuels. Le président du Medef, Patrick Martin, a livré un discours sans détour. Colère face à la déconnexion politique, dénonciation de la suradministration et appel à défendre la compétitivité ; il a exhorté les chefs d’entreprise à se montrer plus audibles dans l’espace public.
- Patrick Martin réagit aux décisions politiques jugées déconnectées
« Nous avons chaque jour un peu plus le sentiment que les responsables politiques évoluent dans un monde parallèle, artificiel, éloigné de nos réalités et souvent indifférent à ce qui se passe autour de nous. Le monde est ouvert, l’océan économique est déchaîné, et la France n’a pas le luxe de s’imaginer qu’elle navigue dans des eaux calmes. »
- Sur l’état d’esprit des entrepreneurs face aux crises sectorielles
« Je ne vois pas de résignation chez les entrepreneurs, malgré des crises sévères dans la chimie, le bâtiment ou le numérique. Mais je sens monter une incompréhension, voire une colère, face à la déconnexion du débat politique national. Les chefs d’entreprise ont une excellente image de marque parce qu’ils assument leurs responsabilités : respect des salariés, attention aux parties prenantes et conscience aiguë des grands défis. »
- À propos du poids des normes et de la « suradministration » française
« La complexité croissante des normes françaises représente un surcoût estimé entre 3 et 4 % de notre PIB, soit près de 100 milliards d’euros. Ces dépenses superflues nous empoisonnent le matin, le midi et le soir, tout en freinant nos entreprises. À force de promesses non tenues, l’écart se creuse entre les paroles et les actes. Comme on dit au Québec : il faut que les bottines suivent les babines. »
- Sur l’importance des allègements de charges pour préserver l’emploi
« Supprimer les 75 milliards d’allègements de charges reviendrait à condamner des millions d’emplois. Ces dispositifs ne sont pas des cadeaux, mais des compensations indispensables pour rester compétitifs. Sans eux, les premières victimes ne seraient pas les entreprises, mais bien les salariés. Le vrai sujet, c’est de maintenir et même de renforcer notre compétitivité si nous voulons préserver l’emploi. »
11:45
À l’occasion d’une signature de convention entre Stratexio et Bretagne Commerce International, Patrick Martin, président du Medef national, a répondu à nos questions.

Patrick Martin, président du Medef national ©7Jours/ Bruneau
La Bretagne pourrait être plus forte à l’export ; cependant, dans le contexte actuel, ce qui peut apparaître comme une vulnérabilité, se transforme en force. Qu’en pensez-vous ?
Patrick Martin. Oui, paradoxalement, c’est vrai. La Bretagne et la France sont moins exposées que d’autres régions, comme l’Italie ou l’Allemagne, aux tensions internationales avec les États-Unis ou la Chine. D’un mal peut naître un bien : nos entreprises sont un peu moins impactées dans leur chiffre d’affaires. Mais cela ne doit pas nous dispenser d’agir. Il faut continuer à encourager et soutenir l’export. Que les entreprises qui exportent déjà le fassent davantage, et que celles qui en ont le potentiel s’y engagent.
Derrière cela, il y a deux enjeux : un enjeu structurel de compétitivité française, et un enjeu d’accompagnement. La convention qui vient d’être signée en est une bonne illustration : en coordonnant mieux nos outils et en coopérant entre structures, nous pouvons réellement donner plus d’élan à nos entreprises à l’international.
Il faut continuer à encourager et soutenir l’export. Que les entreprises qui exportent déjà le fassent davantage, et que celles qui en ont le potentiel s’y engagent.
Concernant le versement de mobilité régional, êtes-vous satisfait du compromis qui consisterait à le remplacer par une taxe de séjour ?
Patrick Martin. Non. À la fin, cela revient simplement à se demander : qui va récupérer la patate chaude ? Le vrai sujet n’est pas là. Il faut d’abord être attentif aux effets de bord sectoriels. Le tourisme breton se porte plutôt bien, mais ce sont des métiers fragiles – hôtellerie, restauration, transport de voyageurs… Nous ne pouvons pas, sous prétexte de soulager certains, en accabler d’autres. Le fond du problème, c’est qu’il s’agit d’un nouveau prélèvement obligatoire. Appliqué partout en France, ce versement représenterait 500 millions d’euros par an. C’est une charge de plus sur le coût du travail, alors que nos entreprises affrontent déjà de vrais enjeux de compétitivité, notamment salariaux.
Oui, il faut financer les infrastructures de transport. Mais les entreprises contribuent déjà massivement : 9 milliards d’euros par an via le versement mobilité existant. La meilleure solution, c’est que les exécutifs régionaux trouvent les ressources ailleurs, idéalement en faisant des économies sur d’autres dépenses. D’ailleurs, plusieurs régions ont déjà annoncé qu’elles ne mettraient pas en place ce versement : Hauts-de-France, Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes… L’objectif doit être clair : contenir, et même réduire, les prélèvements obligatoires.
11:45
Changement de nom et de gouvernance pour Bretagne Développement Innovation (BDI)

BDI devient Bretagne Next (Nouvelle Économie Expertise et Transitions). Hugues Meili, président du directoire de BDI, passe le flambeau à Loïc Hénaff, élu au conseil régional, à la présidence du conseil de surveillance de Bretagne Next. ©7Jours/Bruneau
BDI devient Bretagne Next (Nouvelle Économie Expertise et Transitions). Hugues Meili, président du directoire de BDI, passe le flambeau à Loïc Hénaff, élu au conseil régional, à la présidence du conseil de surveillance de Bretagne Next.
Pour en savoir plus : Passage de flambeau entre Hugues Meili et Loïc Hénaff à la tête de BDI qui devient Bretagne Next

Loïc Hénaff, nouveau président du conseil de surveillance de bretagne Next ©7Jours/Bruneau
10:45
Assemblée générale de Bretagne Développement Innovation.
Échange entre Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne, et Hugues Meili, président du directoire de BDI depuis 2017.
- Loïg Chesnais-Girard : « Il faut sortir de l’atavisme. Nous sommes l’Union européenne, 450 millions de citoyens. Nous ne pouvons pas céder à une forme de repli sur nous-mêmes. Le cap : une Bretagne qui assume d’être maîtresse de son destin et pleinement actrice des souverainetés. »
Le cap : une Bretagne qui assume d’être maîtresse de son destin et pleinement actrice des souverainetés.
- Hugues Meili : « Le contexte international suscite des craintes et de l’anxiété, mais il ouvre aussi des opportunités. Les conflits rappellent aux États la nécessité de réinvestir dans la filière défense. Ce sont des changements majeurs, porteurs de perspectives importantes pour les entreprises. Tout le tissu économique est concerné. »
10:30
Question à Claudine Hurman, directrice de la Banque de France en Bretagne : comment se porte l’économie bretonne aujourd’hui ?
« Nous avons la chance d’avoir un territoire très résilient, qui se porte globalement mieux que d’autres régions au niveau national. La Bretagne bénéficie de nombreux atouts, à commencer par l’agroalimentaire, secteur très pondérant ici et qui résiste bien en termes d’activité – même si la rentabilité mérite plus de prudence.
À l’inverse, certains secteurs connaissent des difficultés : transport et logistique, hôtellerie-restauration, ou encore le bâtiment-construction, soumis à des hauts et des bas. »
La suite de l’échange à lire ici : Claudine Hurman, directrice régionale de la Banque de France : « L’économie bretonne résiste, malgré les incertitudes »

Claudine Hurman, directrice régionale de la Banque de France / ©7Jours/Bruneau
9:30
La vision d’Éric Challan-Belval, président du Medef d’Ille-et-Vilaine sur le « pacte breton » :

Éric Challan-Belval ©7Jours/Bruneau
« Le pacte breton, pour nous, c’est avant tout la capacité qu’ont les acteurs économiques et politiques de l’écosystème à dialoguer. Cela signifie parfois – et c’est le cas en ce moment – ne pas être d’accord sur certains sujets. Je pense évidemment au VMRR, qui suscite des discussions âpres avec le président de Région. Mais tant qu’il y a discussion, il y a l’espoir d’un consensus. C’est ça, le pacte breton : se dire les choses clairement, confronter les points de vue, chercher à construire et à aligner les uns et les autres pour que la Bretagne continue à réussir.
Sur le plan économique, notre région est vraiment spécifique. Les préfets qui arrivent d’autres territoires nous disent souvent combien cette capacité des Bretons à se mettre autour d’une table, à parler et à construire ensemble est exemplaire – et qu’elle n’existe malheureusement pas partout. Ici, nous sommes tous sur le pont en permanence pour réussir collectivement. Et c’est bien ce mot qui compte : collectivement. »