L’étude Reloc’h, réalisée à l’initiative de Produit en Bretagne en partenariat avec Arkéa, le Medef Bretagne et le Conseil régional à la sortie du confinement, avait posé quelques chiffres : les retombées de la relocalisation se traduisent par un potentiel de création de 130 000 emplois et pourraient jouer un rôle non négligeable dans l’empreinte carbone des entreprises bretonnes.
Une seconde étude Reloc’h, menée auprès d’entreprises bretonnes dans la foulée par la Région Bretagne et BDI, a affiné ces chiffres et permis de démontrer qu’environ 10 % des achats sont relocalisables.
Chez les particuliers, ça marche. Pourquoi pas en entreprise ?
« C’est un problème de réflexe culturel, dit Bertrand Emeneux, avocat spécialiste en droit de la propriété Intellectuelle chez Avoxa (cabinet de 80 personnes basé à Rennes, Nantes, Lorient et Paris). Dans mon secteur, par exemple je m’agace souvent de voir que 50 à 60 % des affaires de propriété Intellectuelle sont traitées par des confrères parisiens, alors qu’ils ne sont pas meilleurs que nous. Le label Produit en Bretagne fonctionne très bien chez le consommateur, il faut aujourd’hui transformer ce réflexe dans le BtoB et chasser en meute. »
Produit en Bretagne a augmenté ses ventes aux particuliers de 4,2 % depuis que le label existe. Aux entreprises de suivre le mouvement.
Un concours sur la relocalisation sera lancé lors du prochain Forum économique breton
« Nous entrons dans un cycle profond de transformation industrielle, dit Loïc Hénaff, conseiller régional délégué aux relocalisations, à la logistique et au fret et chef d’entreprise. C’est maintenant que nous devons changer nos habitudes et travailler sur nos achats. Nous pouvons d’ores et déjà nous fixer un objectif de relocalisation sur un potentiel estimé à 10 % et nous challenger sur ce taux. »
Un concours sur la relocalisation sera même lancé en septembre prochain lors du Forum économique breton. En attendant, les responsables de Produit en Bretagne incitent les chefs d’entreprise à réaliser une cartographie de leurs achats et à calculer ensuite le Coût total de possession (ou TCO en anglais). Cet indicateur ajoute au coût facial tous les coûts cachés qui peuvent faire la différence entre un achat responsable et le moins disant.
Relocalisons.bzh, un site dédié
« Nos achats représentent 30 % de notre empreinte carbone, précise Hermine Siozis, responsable achats chez Crédit Mutuel Arkéa. En tant qu’entreprise à mission, nous travaillons sur l’origine de nos achats depuis 2020 et, grâce à notre « sourcing », nous travaillons de plus en plus avec des acteurs locaux pour l’immobilier et les prestations informatiques. »
La Région incite donc les entrepreneurs bretons à calculer leur indice breton d’achat sur le site Relocalisons.bzh et de suivre une démarche progressive, sans oublier de consulter le catalogue des entreprises bretonnes.
Avant, ils encensaient les « Cost Killers ». Depuis le Covid, les responsables achats parlent surtout d’achats responsables. Une prise de conscience qui met désormais en avant le vrai coût des produits. Réduire les risques (transports, approvisionnement, conséquence sur l’emploi, désertification industrielle, empreinte carbone…), c’est aussi ça réduire les coûts.