Couverture du journal du 29/08/2025 Le nouveau magazine

À la cour d’appel de Rennes, garder du sens et du coeur à l’ouvrage

L’audience solennelle porte bien son nom. Le silence est d’or dans la Grand Chambre du Parlement de Bretagne. Les huiles bretonnes sont venues écouter une parole rare, celle du premier président et du procureur général de la cour d’appel de Rennes. Mais le decorum ne peut faire oublier l’âpre réalité des juridictions, malgré des renforts attendus.

Frédéric Benet-Chambellan, procureur général, et Jean-Baptiste Parlos, premier président de la cour d'appel de Rennes ©SB_7J

Frédéric Benet-Chambellan, procureur général, et Jean-Baptiste Parlos, premier président de la cour d'appel de Rennes ©SB_7J

Le discours du premier président Jean-Baptiste Parlos est percutant, non par ce qu’il a de compliqué, mais par ce qu’il a de simple.
La liberté d’expression des magistrats, attribut de leur indépendance, vient d’être consacrée par un avis du Conseil supérieur de la magistrature : « Il est loisible aux magistrats d’alerter leurs concitoyens sur les problèmes que rencontre l’institution judiciaire ». Jean-Baptiste Parlos en fait la démonstration. Après avoir rappelé la hausse budgétaire sans précédent, portant l’enveloppe du ministère de la Justice à 10,1 milliards, il modère les enthousiasmes irréfléchis. « Nous devons aussi à l’objectivité de dire qu’il existe un grand décalage entre la reconnaissance ainsi gravée dans la loi de la charge de travail des juridictions et ce qu’elles vivent pour le moment. » Des vents contraires auxquels la justice s’est (malheureusement) habituée.

58 magistrats en renfort pour le ressort

Entre les lignes, il faut lire un sujet d’attention particulier du chef de cour, celui du bien-être au travail. Une attention probablement héritée de sa propre expérience de procès d’envergure, dans une institu…