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+ 25 % de procédures collectives en un an, au Tribunal de commerce de Rennes

546 procédures ont été ouvertes devant le tribunal de commerce de Rennes, à fin octobre 2024, contre 434 l’an passé à la même période, c’est 25 % de plus. Clément Villeroy de Galhau, président du tribunal, sans être alarmiste, fait part de son inquiétude concernant les commerces et l’industrie.

Clément Villeroy de Galhau, président du tribunal de commerce de Rennes

Clément Villeroy de Galhau, président du tribunal de commerce de Rennes ©Studio Carlito

« Statistiquement, on devrait atteindre les 650 procédures collectives ouvertes cette année 2024 devant le tribunal de commerce de Rennes, contre 450 les années de références. En 2023, le chiffre s’élevait déjà à 550. Cela ne veut pas dire que l’économie flanche, » modère Clément Villeroy de Galhau, président du tribunal de commerce de Rennes, à la tête de cette institution comptant 30 juges consulaires et bénévoles pour réguler les affaires.

« La progression du nombre de dossiers se fait en pente douce, chaque mois. Depuis 18 mois on nous prédit une vague de faillite, ce n’est pas le cas. Jusqu’à cet été 2024 il y avait encore l’effet rattrapage post-Covid, des entreprises qui traînaient des dettes, des remboursements de PGE. Depuis la rentrée, on est de retour à un fonctionnement « normal ». Et  546 procédures, sur les quelque 92 000 entreprises bretilliennes inscrites au Registre du commerce de Rennes, cela reste peu ! Il ne faut pas être alarmiste. »

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Industrie, commerce et bâtiment

L’industrie, fait partie des secteurs dans la tourmente. Si le président ne peut citer les deux dossiers en préventions actuellement sur son bureau – des dossiers concernant plusieurs centaines de salariés – difficile de ne pas penser à la filière automobile, ses équipementiers et sous-traitant du territoire.

« Je suis aussi inquiet pour le petit commerce, de centre-ville et des centres commerciaux, » indique Clément Villeroy de Galhau. « On observe depuis plus de 6 mois, des enseignes de belles marques, des chaînes et des franchises, en souffrance. »

Quant au secteur de la construction, « le bâtiment souffre, certes, de la hausse des coûts et des taux d’intérêt. Mais le problème est que ce sont plutôt les petites entreprises qui sont impactées, car les donneurs d’ordre se tournent vers de grosses entreprises qui semblent plus sûres. »

Cercle morose

« L’épargne des Français est incroyable, elle a quasiment doublé, pourtant il n’y a pas de reprise des achats, que ce soit pour s’habiller, aller au restaurant… Et on ne parle que maintenant de la baisse de la consommation, cela ne laisse pas présager du mieux. De même, avec un gouvernement plutôt « économiquement friendly », l’arrêt de l’inflation, la baisse des taux d’intérêt, ce sont des signaux positifs, pourtant la dynamique ne reprend pas, c’est un cercle morose qui m’inquiète un peu. »

Préventions

« Avec 163 ouvertures de mandats de prévention, on atteint + 74 % à fin octobre 2024, par rapport à octobre 2023. Cela est dû à deux choses : D’abord que les entreprises viennent nous voir avant que ce soient irrémédiable, il y a un changement d’état d’esprit là-dessus et c’est tant mieux. S’ajoutent à cela les négociations de PGE : au-delà de l’année de franchise et des 4 années d’étalement de dettes, on ne peut dorénavant négocier qu’en ouvrant une conciliation : cela génère 10 à 15 % des dossiers en plus. »

Quid de la conciliation ? « On envoie 35 % des affaires nouvelles en conciliation : dans 50 % des cas cela se traduit par un rendez-vous ; ensuite, 70 % de ces échanges aboutissent favorablement. »

Plus de juges !

Alors que s’achève la deuxième année de présidence pour Clément Villeroy de Galhau, les élections ont désigné 6 nouveaux juges qui seront installés début 2025. « Je suis satisfait, car j’avais reçu 20 candidatures, en faisant bien sûr des appels à mobilisations auprès des groupes et clubs de dirigeants et dirigeantes. Cela montre que tribunal de commerce de Rennes est aujourd’hui bien perçu comme se mettant au service de l’écosystème, et dynamique. Pour autant, 30 juges c’est trop peu, nous avons demandé à la chancellerie d’accorder 5 juges supplémentaires, on espère pour 2026. »