Galerie l’Antre Temps à Rennes : rencontre entre la nature et l’art avec « Fibres sensibles »

Sibylle Besançon : des ronces pour d’étonnantes créations végétales

Sur les chemins, les rivages et les prairies de Langrolay-sur-Rance, (22) Sibylle Besançon cueille des ronces. Elle choisit les tiges de l’année, souples et bicolores : violettes au soleil, vertes à l’ombre, pour ensuite les enrouler en boule et réaliser des sculptures en forme de pelotes. Ni douces, ni laineuses mais bien piquantes. L’œil s’y trompe mais pas la main, ce qui amuse Sibylle Besançon dans ces créations décalées.

Carré de tiges de Sibylle Besançon ©Constance Villeroy

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Entre ses doigts, toutes les fibres végétales sont appelées à une vie nouvelle : la massette (plante d’eau à longue tige et feuilles étroites), l’ortie, le plantain lancéolé, le blé, la paille de seigle, l’osier, la verveine de Buenos Aires… L’artiste coupe toutes les tiges à la même taille et les assemble en cubes sertis d’un lien de cuivre verdi, jouant des couleurs, des textures, des rythmes et de ce que révèle l’intérieur des tiges creuses : ainsi, elle crée notamment une découpe en étoile pour le plantain.

Assemblage en paille de seigle de Sibylle Besançon ©Constance Villeroy

Ses sculptures végétales font appel à l’œil autant qu’au toucher ! Sybille Besançon aime surprendre, comme avec cette allée couverte miniature faite de ronces brunes ou cette bûche dénommée L’hirsute de Rigourdaine, hérissée de siliques de radis, nom donné aux capsules de graines allongées caractéristiques des plantes crucifères.

Pelote de ronces de Sibylle Besançon ©Constance Villeroy

À travers ses sculptures, ses assemblages géométriques en paille de seigle et ses installations monumentales dans l’esprit du Land’art, Sibylle Besançon cherche « un autre mode d’appréhension du monde : le volume, les plans, la lumière, la poésie des formes, le doux, le piquant, la légèreté et la pesanteur pour donner de l’épaisseur au minuscule et partager d’autres visions du vivant ».

« La création d’une œuvre équivaut à la création d’un monde. » – Kandinsky

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Luc Bienvenu : des peintures aux couleurs de la terre

Artiste jardinier, Luc Bienvenu est le créateur des Jardins Rocambole à Corps-Nuds (35), un jardin éco-insolite de 7 000 ^m2, fantaisiste et coloré, (200 espèces de fleurs, plantes vivaces, arbustes et potager), plein de surprises : des installations, des sculptures, des fontaines insolites… bref, une rencontre poétique entre l’Art et la Nature, au rythme des saisons.

Peinture sur feutre géotextile harmonies de gris de Luc Bienvenu ©Constance Villeroy

Luc Bienvenu présente, sur les cimaises de l’Antre Temps, ses dernières toiles réalisées à partir d’un feutre géotextile (intissé), resté 20 ans sous une terrasse de bois où il s’est gorgé d’eau, de minéraux, de glaise et de sable, un apport nutritif idéal pour les plantes mais aussi pour ses peintures.

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Dans ce feutre portant les marques du temps et de la terre, l’artiste a découpé, en guise de support à ses compositions, des carrés choisis pour leur aspect visuel et tactile. Il les a imbibés d’un jus de rouille, marouflés sur toile, puis brossés vigoureusement de ses couleurs en s’en remettant à l’élan du geste.

Peinture sur feutre géotextlile, harmonie d’ocres de Luc Bienvenu ©Constance Villeroy

Ses peintures tiennent de l’improvisation musicale, libre, spontanée, inconsciente, matière à révéler textures et reliefs, ombre et lumière, dans une gamme d’ocres chauds ou de gris changeants à l’image des caprices du ciel. Dans les compositions abstraites et végétales de Luc Bienvenu, l’œil s’aventure au cœur de la couleur et de la matière, avec une invitation à méditer les mots de Kandinsky : « La création d’une œuvre équivaut à la création d’un monde. »