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Banque de France. En Bretagne, la croissance reste faible 

1 300 entreprises bretonnes de toutes tailles ont été interrogées en juillet 2024 par la Banque de France sur leur activité en cours et à venir. Les entreprises qui ont répondu représentent 150 000 salariés, soit 28 % du secteur privé. Plus qu’une tendance régionale, leurs réponses peuvent dessiner les contours de l’activité nationale du dernier semestre 2024, voire de 2025.

Hervé Mattéi, directeur régional de la Banque de France ©Banque de France

Hervé Mattéi, directeur régional de la Banque de France ©Banque de France ©Banque de France

Hervé Mattéi, directeur régional de la Banque de France, contextualise l’enquête semestrielle régionale en précisant que la croissance du PIB devrait passer de 0,8 % à 1,1 % d’ici à la fin de l’année, avec une inflation passant de 2,5% en 2024 à 1,5% en 2025. Mais le contexte général reste fragile avec une épargne en augmentation de 0,2 % et une consommation à la baisse. De fait, l’activité de l’industrie reste faible et celle du bâtiment s’installe dans le recul.

Les prévisions de l’activité dans l’industrie bretonne ?

« En 2024, les investissements ne sont pas remis en cause et les crédits d’entreprises sont en légère hausse, explique Jean-Hugues Bourdon, responsable des services économiques. Comme au niveau national, les stocks augmentent mais les carnets de commandes ne suivent pas le même rythme. Les emplois permanents sont stables, sauf dans l’intérim. Les chefs d’entreprise déclarent manquer de visibilité liée à l’instabilité politique. »

Prévisions d’évolution de l’activité dans les sous-secteurs de l’industrie

Prévisions d’évolution de l’activité dans les sous-secteurs de l’industrie ©Banque de France

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Les services marchands ?

La consommation est en berne. Les entreprises constatent une légère augmentation de l’activité de détail mais un net repli (-60 %) du commerce de gros. Dans le secteur des transports et de l’entreposage, les professionnels remarquent une baisse de leur rentabilité et une dégradation du niveau de trésorerie. À cela s’ajoutent les difficultés de recrutement de profils qualifiés. Dans ce contexte, 13 % annoncent une baisse de leur prévision d’investissements, 29 % une hausse et 53 % une stabilité.

Prévisions de rentabilité des services marchands et commerce de gros

Prévisions de rentabilité des services marchands et commerce de gros ©Banque de France

« Nous nous attendions à une véritable avalanche de défaillances mais elle ne s’est pas produite. »

La construction ?

« En dépit de ce que nous attendions, nous avons plutôt une bonne surprise dans le secteur de la construction, dit Jean-Hugues Bourdon. Mais il s’agit peut-être d’une évolution en trompe-l’œil car, pour l’instant, dans le secteur du gros œuvre, l’activité des grandes entreprises progresse tandis que celle des PME recule. » Seul le secteur du second œuvre semble être dynamique : 32 % des entreprises déclarent une activité en hausse contre 22 % pour la baisse et 46 % l’estiment stable.

Prévisions d’activité - construction

Prévisions d’activité – construction ©Banque de France

La rentabilité en berne :

« En 2024, nous constatons une nette tendance à l’effritement de la rentabilité dans le secteur de la construction (4 % en hausse, 82 % stable et 14 % en baisse) », précise Jean-Hugues Bourdon. D’où des prévisions d’investissements stables à 65 %, en hausse à 19 % et 16 % en baisse. En matière de recrutement, le solde ne serait positif que de 3 % pour les effectifs totaux mais négatifs de 8 % pour l’emploi intérimaire.

Prévisions d’investissements et d’effectifs - construction

Prévisions d’investissements et d’effectifs – construction ©Banque de France

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Une croissance molle :

Au niveau national, la croissance reste faible sur l’année 2024 et la Bretagne fait moins bien car la consommation constatée y est plus faible. En conséquence, le taux de défaillance des entreprises bretonnes continue d’augmenter pour revenir au niveau de 2019 (10 000 créations contre 1 500 défaillances). « Nous nous attendions à une véritable avalanche de défaillances mais elle ne s’est pas produite », se félicite Hervé Mattéi. Parmi les autres bonnes nouvelles, les crédits immobiliers sont en hausse en juillet 2024 et atteignent 11 milliards d’euros et les taux de crédit à la consommation diminuent.

Même si la situation économique bretonne reste assez attentiste, les chefs d’entreprise estimant que la situation n’est que temporaire, ils mettent tout de même l’accent sur les difficultés de recrutement, une difficulté chronique qui diminue mais peine à se résorber.

Situation et prévisions par secteur difficultés de recrutement

Situation et prévisions par secteur difficultés de recrutement ©Banque de France