La Bretagne voit partir en retraite un nombre croissant d’agriculteurs. A-t-on une vision claire de l’ampleur du défi de la transmission dans la région ?
Arnaud Lécuyer. Aujourd’hui, on estime qu’il y a plus de 2 000 départs en retraite d’agriculteurs chaque année et environ 1 000 installations. Et dans ces 1 000 installations, il y a environ 450 à 500 installations aidées, donc qui sont passées par le parcours à l’installation. Nous sommes aujourd’hui dans une situation de non-compensation des départs. À court terme, cela peut être absorbé par des agrandissements ou des restructurations. Mais à moyen terme, c’est la capacité productive de la Bretagne qui risque de reculer.
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Laurent Marc. Nous suivons de très près la pyramide des âges. Sur les 16 000 exploitations clientes que nous accompagnons, on estime qu’un tiers, soit environ 5 000 exploitants, sont concernés par la transmission dans les six ans. Chaque année, nous avons environ 700 exploitants en Bretagne qui entrent dans une phase de réflexion sur leur avenir. Il y a un vrai basculement démographique. En 2010, 41 % des chefs d’exploitation avaient plus de 50 ans. Aujourd’hui, ils sont 55 %.
Quels types d’exploitations sont les plus touchés par cette difficulté de renouvellement ?
LM. Nous le constatons sur les productions laitières et aussi sur les légumes de plein champ. Ce sont des systèmes exigeants techniquement, parfois lourds en capital et en main-d’œuvre. Ce sont aussi des métiers plus contraignants sur le plan personnel. Résultat, ces exploitations sont de plus en plus difficiles à transmettre. Il y a des zones en Bretagne où on n’a pas un seul repreneur pour plusieurs exploitations viables.

Arnaud Lécuyer, vice-président de la Région Bretagne en charge de l’Agriculture ©7Jours/Rolland
Quels sont, selon vous, les principaux freins à la reprise d’exploitations ?
AL. L’accès au foncier reste un frein très important. Il y a aussi des problématiques d’investissement. Le coût d’entrée dans le métier est parfois très élevé. On parle souvent de plusieurs centaines de milliers d’euros et ça peut dépasser le million. Nous sommes dans une société qui valorise l’immédiateté, alors que l’agriculture demande de s’inscrire dans le temps long. C’est un métier qui exige de se projeter, de piloter une entreprise et de faire pre…