Pour Benoît Derigny, directeur général de Manpower, le travail est devenu « un objet de consommation ». L’expérience devient centrale : « Les nouvelles générations quittent leur emploi si l’expérience ne leur convient pas ». Thibaut Guilluy, directeur général de France Travail, s’oppose à cette vision du travail comme un produit ou un service : « Je crois que l’autonomie et la dignité par le travail sont au cœur des aspirations de chacun. »
Quoi qu’il en soit, dans un marché du travail en tension, un des enjeux pour les entreprises est de « retenir les talents ». Là encore, pas de recette magique. L’évolution des carrières prend un virage horizontal plutôt que vertical. Certaines entreprises valorisent désormais le statut d’expert au même titre que celui de manager. La déhiérarchisation devient une tendance, mais reste encore perçue comme une curiosité dans un pays où la culture est d’avoir une hiérarchie très pyramidale.
« Le travail rémunère-t-il suffisamment ? »
Le télétravail, accéléré par la crise du Covid, a rebattu les cartes des pratiques managériales. Place grandissante des questions de qualité de vie et de santé mentale au travail, management à distance, autant de paramètres nouveaux que les managers doivent intégrer à leur feuille de route. Parallèlement, la pragmatique question du salaire reste en haut de la liste des priorités des salariés, comme en attestent de nombreuses études. « Le travail rémunère-t-il suffisamment ? », lance Thibaut Guilluy. En même temps, le fameux « travailler plus pour gagner plus » a du plomb dans l’aile. Les salariés veulent maintenir un bon équilibre entre leur vie privée et professionnelle, au prix – parfois – d’une concession salariale. « Un salarié sur cinq se dit prêt à faire des concessions sur le salaire si l’équilibre de vie est meilleur », selon Benoît Serre, de l’ANDRH.
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La réciprocité de l’engagement
De longue date, les entreprises avaient l’habitude de mesurer l’engagement des salariés. Retour de balancier : désormais, les salariés jaugent à leur tour l’engagement de leur entreprise vis-à-vis d’eux. Cette réciprocité de l’engagement pousse les entreprises à repenser leurs fondamentaux. « Chaque entreprise doit avoir le courage de se demander sincèrement à quoi elle sert et d’affronter la réponse. » Dans cette invitation de Benoît Derigny de Manpower, ce qui compte c’est le terme « sincèrement ». Ces dernières années, les raisons d’être des entreprises ont fleuri. Sauf que, d’après Benoît Serre de l’ANDRH, « une étude atteste que 72 % des salariés estiment que ce n’est que de la com’ « .
Le Forum économique breton revient pour sa 6e édition les 10 et 11 septembre 2025, à Saint-Malo.