Peinture, couverture, menuiserie, elles évoluent toutes trois dans des entreprises du bâtiment, pas réputées pour être un univers très féminin. Elles avoisinent la cinquantaine, et observent que ces cinq dernières années beaucoup de préjugés sont tombés sur la femme, et ses prétendues capacités dans le monde du travail.
Agnès, Véronique et Chrystèle s’accordent à dire que la génération précédente s’est battue pour de nombreux droits des femmes. Aujourd’hui elles se voient dans une continuité plus amène, moins combative.
Elles seraient même agacées par cette notion de parité à tout prix. Préférant regarder le présent et l’avenir, plus que de s’appesantir sur le passé, elles dressent un plaidoyer indulgent sur leur 20 à 30 années de vie professionnelle dans ce monde d’hommes. Et pourtant, quels chemins parcourus !
Véronique Ikène : Chez Peinture Tiriault, le patron est une patronne

Véronique de Peinture Tiriault à Acigné © Studio Carlito
« J’ai repris l’entreprise familiale il y a 21 ans. Il n’y avait pas beaucoup de femmes à l’époque, même dans la peinture, et encore moins de dirigeantes. Des personnes étaient persuadées que mon père n’avait pas de fils pour qu’il transmette ainsi son entreprise à une fille. Or je me suis toujours sentie légitime aux yeux de mes parents, être une femme n’était pas une question, la seule question qui compte c’est la compétence. Je crois qu’aujourd’hui, 20 ans après, c’est quelque chose de largement acquis : on regarde les compétences.
Par ailleurs sur les chantiers, j’ai vu l’évolution des mentalités. Il y a toujours eu des femmes chez Tiriault, et bien quand on débarquait sur un chantier, il y a 20 ans on entendait « Ha non v’là Tiriault il va y’avoir des filles », depuis 5 ans c’est « Hé ouais, v’là Tiriault il va y’avoir des filles ». Il faut aussi comprendre que ce frein à l’accueil des femmes sur le chantier venait notamment de l’obligation de mettre en place un vestiaire fille : coût supplémentaire et partagé avec l’ensemble des intervenants sur le…