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France PBR : en Morbihan, deux industriels en herbe révolutionnent les microalgues

Nicolas Brun et Clément Péché ont créé France PBR en juillet 2024, une société innovante spécialisée dans la fabrication de « photo bioréacteurs » pour la culture accélérée de microalgues. Un procédé très utilisé en pharmacie, cosmétique ou en alimentation complémentaire. Installés dans leurs nouveaux locaux de Noyal-Pontivy (56), ils ont l’ambition de maîtriser l’ensemble de leur chaîne de production et n’hésitent pas à mettre les mains dans le cambouis.

Nicolas Brun et Clément Péché devant leurs deux premiers photo bioréacteurs

Nicolas Brun et Clément Péché devant leurs deux premiers photo bioréacteurs ©7J/Bentaleb

Ils ne sont que trentenaires et ne veulent pas céder à la mode du moins-disant. Produire ailleurs dans des pays à bas coût et marger fort sur l’assemblage, ce n’est pas leur vision d’une entreprise innovante. Clément Péché et Nicolas Brun misent toute leur stratégie d’entreprise sur le 100 % « home made » et la maîtrise totale de leur production.

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« Nous avons investi dans l’industrialisation à l’ancienne et c’est quelque chose que nous ne voulons pas lâcher, disent les deux entrepreneurs. Nous voulons garder à tout prix la main sur l’ensemble du processus, de la conception à la vente en passant par la fabrication. Ainsi, nous sommes sûrs que les produits livrés au client sont fiables et que nous pourrons à tout moment intervenir dessus sans dépendre de quiconque. »

France PBR fabrique de A à Z des photos bioréacteurs, c’est-à-dire des tubes permettant la croissance de microalgues très utilisées en pharmacie, cosmétique ou en alimentation complémentaire. Trois ans de travail et 300 000 euros ont été nécessaires pour mener à bien l’ensemble du système permettant la croissance dans de bonnes conditions sanitaires de ces microalgues. À la clé, trois brevets déposés, notamment sur le système exclusif de micro-bullage qui offre un système simple et original d’autonettoyage des parois vitrées.

Les deux compères, rejoints depuis peu par deux autres associés très expérimentés dans la gestion d’entreprise, fabriquent eux-mêmes la structure externe des bioréacteurs et moulent à façon les éléments de tubes complexes. Ils ont également participé à la création des codes informatiques pilotant la machine. Du fait maison, 100 % modulable.

« Une flexibilité de conception et une réactivité impressionnantes »

Un modèle à l’ancienne qui, loin d’être désuet, séduit bien au-delà de nos frontières. Au point que Peter Ralph, spécialiste australien des microalgues et Executive Director of the Climate Change Cluster (C3) à l’Université Technologique de Sydney a tenu à y effectuer une visite de travail.

Nicolas Brun et Clément Péché reçoivent le Dr. australien, Peter Ralph de l'université technologique de Sydney

Nicolas Brun et Clément Péché reçoivent le Dr. australien, Peter Ralph de l’université technologique de Sydney ©France PBR

« Je viens de faire une visite passionnante avec l’équipe de France PBR, une start-up de photo bioréacteurs (PBR) basée à Pontivy, en Bretagne, publiait-il à chaud sur LinkedIn. J’ai découvert leur configuration de fabrication interne, où tout est fabriqué sur place (à l’exception de l’électronique et des tubes de verre), ce qui leur offre une flexibilité de conception et une réactivité impressionnantes. Ce qui s’est vraiment démarqué, c’est l’utilisation intensive de composants imprimés en 3D dans l’ensemble du système. La conception intègre des éléments de qualité pharmaceutique pour une stérilisation propre, intelligemment conçus pour minimiser le développement de biofilms. Remarquablement, leur PBR a fonctionné en continu pendant plus de trois mois sans formation de biofilm, une réalisation exceptionnelle. »

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Un suivi microscopique de la pousse des micro-algues

Un suivi microscopique de la pousse des micro-algues ©7J/Bentaleb

Des projets en France et à l’étranger

Ils ne sont que deux en France à fournir le matériel nécessaire à la production en masse de « molécules d’intérêt biologique » présentes en grande quantité dans les microalgues. Mais France PBR est le seul à faire du sur-mesure. « L’une des caractéristiques les plus innovantes était leur interface de contrôle, qui fournit des estimations en temps réel des coûts de production (euro par gramme de biomasse), précisait le docteur australien. Cela permet aux utilisateurs d’ajuster des variables clés telles que l’apport de CO₂ et l’intensité lumineuse, et de comprendre instantanément les implications économiques – un outil puissant pour optimiser à la fois les performances et la rentabilité. »

Au vu des contacts déjà établis, les deux industriels en herbe sont optimistes sur l’avenir de leurs machines. Même si la plupart des discussions commerciales restent confidentielles, ils annoncent des projets en cours avec plusieurs universités en France et à l’étranger et des touches très sérieuses jusqu’au Japon…

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Clément et Nicolas font les choses dans le bon sens, avec beaucoup de patience et, n’ont pas hésité à se faire accompagner à chaque étape de leur projet par les structures de développement économique locales comme Le Village By CA 56, Audélor, le réseau Entreprendre, la BPI. « Nous avions une idée très précise de ce que nous voulions produire mais nous ne possédons pas d’expérience dans la création d’entreprise, précisent les deux créateurs. Nous avons donc préféré nous faire accompagner par des spécialistes et nous consacrer plus spécifiquement à l’amélioration de notre concept. » Les deux jeunes ont encore plein d’idées et savent où se trouvent leurs priorités…