Originaire de Rennes, Jean-Louis Quéguiner est longuement revenu, à l’occasion du salon Imagine Summit, sur les étapes qui l’ont conduit à fonder Gladia en 2022. Après des études en mécanique des fluides et en informatique, il obtient un master au Canada, où il travaille pendant six ans. À son retour en France, il rejoint Auchan en tant que CTO avant de participer à la transformation cloud de l’entreprise.
« C’est là que j’ai rencontré Octave Klaba d’OVHcloud, qui m’a encouragé à créer ma propre structure », retrace-t-il. Fort de cette rencontre, il décide de se consacrer à un projet personnel : un outil open source facilitant le déploiement d’intelligences artificielles sur le cloud. Rapidement, cette initiative évolue vers un modèle commercial. Gladia, basée à Cesson-Sévigné, voit le jour.
LIRE AUSSI : GRAND FORMAT. Niji, un pionnier du digital toujours en mouvement
Avec une équipe actuelle de 30 collaborateurs, Gladia veut accroître ses effectifs au plus vite pour atteindre ses ambitions de tripler son chiffre d’affaires d’ici à 2025.
Une levée de fonds pour structurer l’innovation
En septembre 2024, Gladia a opéré un tour de table de 14,5 millions d’euros mené par XAnge, aux côtés de Illuminate Financial, XTX Ventures, Athletico Ventures, Gaingels, Mana Ventures, Motier Ventures, Roosh Ventures et Soma Capital ; une étape décisive dans sa stratégie de croissance. L’objectif ? Développer des solutions IA adaptées aux entreprises européennes : « Nous avons analysé les besoins des utilisateurs : ils cherchaient une transcription vocale rapide et précise, adaptée à des langues mal desservies par les géants américains. »
À ce jour, les outils standards, comme ceux proposés par Google ou Amazon, peinent à répondre aux spécificités européennes. « Les technologies américaines ne comprennent pas nos accents ou notre multiculturalisme. Une transcription audio peut prendre jusqu’à une heure et reste souvent imprécise », observe Jean-Louis Quéguiner. Gladia, en s’appuyant sur Whisper, un modèle open source, parvient à réduire ce temps à quelques minutes tout en améliorant la qualité des résultats.
ET AUSSI : GRAND FORMAT. Une vision augmentée avec Artefacto
La levée de fonds va permettre à l’entreprise de recruter et de renforcer ses capacités. Avec une équipe actuelle de 30 collaborateurs, Gladia prévoit d’accroître ses effectifs au plus vite pour atteindre ses ambitions de tripler son chiffre d’affaires d’ici à 2025.
« Les utilisateurs cherchent une transcription vocale rapide et précise, adaptée à des langues mal desservies par les géants américains. »
Une stratégie centrée sur le multiculturalisme européen
Gladia se démarque par une vision enracinée dans les réalités linguistiques européennes. Contrairement aux États-Unis, où l’anglais domine, l’Europe fait face à une pluralité des langues qui complexifie logiquement les interactions. « Nous devons prendre en compte les accents, les variations culturelles et les transitions entre langues, comme l’anglais teinté d’accents français ou roumains », illustre le fondateur de Gladia.
Cette sensibilité, incomprise des géants américains, constitue un atout majeur pour Gladia. « Nos solutions permettent de capturer et valoriser les conversations, y compris dans des contextes multilingues complexes », précise-t-il. Cette approche a déjà convaincu des entreprises comme LVMH, soucieuses de conserver leurs expertises internes en gardant une trace des échanges qui peuvent se dérouler lors de réunions stratégiques par exemple.
Bientôt, Gladia souhaite aussi explorer des secteurs tels que la santé et l’éducation.
ET AUSSI : Imagine Summit #8. Label Emmaüs : « Nous crions dans le désert »
Des défis technologiques et éthiques
Le secteur de l’intelligence artificielle reste marqué par des défis colossaux. Jean-Louis Quéguiner insiste sur la nécessité d’investissements massifs pour rester compétitif. « Les leaders comme Meta ou Oracle dépensent des centaines de millions en IA, mais leurs pratiques sont parfois discutables », constate-t-il. Gladia choisit une voie différente et mise sur des solutions souveraines et éthiques, jure son fondateur.
À l’horizon 2025, l’entreprise souhaite aussi explorer des secteurs tels que la santé et l’éducation : « Nous avons un rôle à jouer dans l’accessibilité et la productivité, que ce soit en aidant les médecins ou en facilitant l’apprentissage pour les malentendants. »
Malgré les ambitions, la route reste semée d’embûches. « En tant que start-up, nous devons rester concentrés, comme un laser sur une cible. Chaque erreur de dispersion peut nous coûter cher », conclut Jean-Louis Quéguiner, dont la start-up collabore aujourd’hui avec plus de 600 entreprises, dont plus de la moitié sont basées en Amérique du Nord.