Couverture du journal du 03/09/2024 Le nouveau magazine

Halieutique : Le Saint investit dans le poisson

Le groupe brestois Le Saint, poids lourd du commerce de produits frais en France, développe ses activités de transformation et de ventes de poissons. Le site de Lorient a déjà bénéficié d’une première phase d’investissements plus de 500 000 euros pour la ligne libre-service et doublera bientôt sa surface.

L'atelier lorientais traite 4 000 tonnes de poisson par an et va doubler sa surface d'ici la fin de l'année ©7J-DB

Le site lorientais, encore siglé « Top Atlantique », devient la figure de proue du groupe Le Saint, pour son secteur de première transformation du poisson. Un site majeur pour un acteur des produits frais qui ne l’est pas moins. Avec un chiffre d’affaires de 550 millions d’euros pour les seuls fruits et légumes (825 millions d’euros toutes activités confondues) et quelque 3 000 salariés, dorénavant, le groupe est également présent en force sur le poisson. « Distributeurs et mareyeurs depuis 2002, nous tenons absolument à suivre les évolutions des modes de consommation, dit Amaury de Lépinau, responsable du réseau marée du groupe. En 2023, la consommation en GMS a chuté de 6,8 % et nous nous devions de trouver une réponse adaptée. »

Doubler les capacités de l’atelier

Trop compliqué à cuisiner, pas le temps, trop d’arêtes, difficile à cuire… Les industriels tentent de trouver des parades aux freins à la consommation de poissons, comme avec la nouvelle marque, La Belle du large. « Des barquettes de poisson sans arête, d’un poids fixe et en libre-service, ce qui permet aux clients d’avoir un accès facile à la protéine de poisson, explique le responsable. Et pour cela, nous allons doubler nos capacités de production sur ce site lorientais. » Le site de préparation et de filetage de saumon et poissons blancs (julienne, merlu, brosmes) passera prochainement de 2 000 à 4 000 m2, sera équipé d’une nouvelle ligne pour le libre-service pour un total 500 000 euros et embauchera cinq nouveaux collaborateurs. Pour le portionnage et le filetage automatique du saumon, le groupe investira encore 1,2 million d’euros.

20 millions d’euros prévus sur trois ans

Les quatre lignes existantes permettent déjà de travailler 4 000 tonnes de poissons par an (provenant au quart de criées bretonnes) dont 1 500 tonnes de saumon importé d’Écosse. « Avec notre nouvelle marque, nous avons l’ambition de réaliser un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros sur les trois prochaines années, détaille Amaury de Lépinau. Pour cela, nous allons passer de 400 à 800 points de vente d’ici à la fin de l’année. » Le groupe espère ainsi conforter, voire augmenter sa croissance à deux chiffres et va accroître ses efforts sur sa rentabilité en valorisant au maximum les coproduits, c’est-à-dire les restes du filetage.

Produits frais traditionnels : les distributeurs tentent de trouver la parade

Les distributeurs assistent à un vrai recul des ventes en volumes sur les produits frais traditionnels (PFT), de poissonnerie, boucherie, fromages à la coupe, fruits et légumes, selon l’étude Kantar Wordpanel de 2023. Ils connaissent une plus forte baisse d’achat que les produits de grande consommation (épicerie, entretien, hygiène) et que le frais en libre-service (crémerie, charcuterie…). Les consommateurs boudent particulièrement les protéines animales : -13,7 % de recul des achats sur la poissonnerie et -7 % en moyenne sur la viande en décembre 2022, par rapport à l’année précédente.

Pourquoi un tel recul ? Premier enseignement : les prix des PFT ont augmenté plus vite que ceux des produits transformés après les crises énergétiques, climatiques et suite aux conséquences de la guerre en Ukraine. Deuxièmement, la loi Egalim 2 a entraîné une revalorisation d’environ 3 % en moyenne sur l’alimentaire en 2022. Enfin, l’évolution des consommateurs face à l’inflation. Considérés comme moins « essentiels » et parfois plus coûteux (viandes, poissons…) que les autres produits, les PFT sont délaissés, surtout dans une France qui cuisine de moins en moins.

Petits prix, promotions, créations d’espaces « anti-inflation » au sein des rayons PFT… Face à ces constats, les enseignes s’adaptent. L’objectif étant de montrer que les produits de boucherie, de poissonnerie ou les fruits et légumes frais ne sont pas forcément plus chers. En parallèle, les distributeurs misent également davantage sur les produits traiteurs permettant de toucher des consommateurs réticents à cuisiner et acceptant de payer plus cher pour du « prêt à consommer ».