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Hausse des carburants : les transporteurs à sec

Ils étaient une petite centaine ce lundi 14 mars massés devant la préfecture de Rennes, mobilisés pour faire entendre leur désespoir face à l’envolée aussi forte que brutale du prix des carburants.

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©KB

Les transporteurs sont venus de toute la Bretagne, sans camions ni banderoles, juste quelques bâches revendicatives accrochées à des grilles de travaux. La mobilisation s’est décidée 3 jours plus tôt lors d’une réunion de transporteurs dans le Morbihan. À l’issue de ce rendez-vous, la quasi-unanimité des participants a décidé d’une action pacifique à la préfecture en présence des syndicats FNTR Bretagne et l’OTRE Bretagne. « Nous sommes venus sans camions aujourd’hui. Notre volonté n’est pas de bloquer les gens et puis il faut bien le dire, nous n’avons plus les moyens de venir avec nos véhicules ! » explique l’un des transporteurs présents.

Aides directes, baisse de charges, prix encadrés, les transporteurs attendent des solutions

Dans les rangs la colère est palpable : « On travaille à perte », « C’est tellement brutal », « on est devant le fait accompli et nous n’avons pas de solution ». Un chef d’entreprise ulcéré lance même « Chez Air France quand ils demandent quelque chose ils l’ont dès le lendemain ! ». Certains craignent de ne pas pouvoir payer leurs salariés dès le 1er avril. Ces professionnels ont le sentiment « d’être abandonnés par l’État » après avoir tenu bon dans la tempête COVID. Le prix du Gasoil connait une flambée record depuis le début de l’année et les 15 centimes annoncés par le gouvernement ne satisfont pas les professionnels « Monsieur Castex nous annonce 15 centimes de moins sur le litre au premier avril, le 1er avril c’est dans 15 jours ! Pourquoi attendre ? Nous avons un semestre derrière nous de dépenses effrénées de carburant qui ne seront pas compensées. » déplore François Baudoin, président de la FNTR Bretagne « Il faut trouver une solution, car les résultats de nos entreprises vont être mauvais et cela va entraîner des réactions en chaine très dommageables. Nous avons des encours chez les pétroliers, si nous avons des difficultés de paiements, ils ne nous livreront plus.» Pour Magguy Henaff, secrétaire générale de l’OTRE Bretagne « Si rien n’est fait demain il n’y aura plus de camion. C’est toute la chaine logistique qui va être impactée et donc toute l’économie ».

On travaille à perte

Autre point soulevé par le président de la FNTR Bretagne, l’indexation gazole. Ce mécanisme permet de reporter sur les factures du client une partie de la hausse des prix du carburant. « Ce mécanisme n’est pas toujours appliqué, certains clients refusent de payer la surcharge. » « En ce moment on surcharge nos factures de 18% » précise un entrepreneur de Loudéac « Mais on ne peut pas tout reporter sur le client ». Pour l’ensemble des personnes présentes, un point est crucial : l’encadrement des prix. « Nous avons besoin d’un tarif pour les professionnels ». Pour certains le tarif acceptable serait « entre 1,40 et 1.50 euro le litre ».

on ne peut pas tout reporter sur le client

Vers une pénurie d’AdBlue ?

« Nous avons un autre problème » alerte un autre transporteur « Nous risquons de manquer très prochainement d’AdBlue , ce qui mettrait nos camions à l’arrêt.» L’AdBlue est en effet un dépolluant indispensable au bon fonctionnement des moteurs diesel modernes. Or l’augmentation du prix de l’énergie, nécessaire à sa production, a conduit un certain nombre de producteurs à baisser drastiquement leur production. Si le prix du gaz reste à un haut niveau, la pénurie sera donc réelle « Nos fournisseurs nous ont déjà appelés pour nous avertir. Pour l’heure nous subissons une hausse de prix très significative. Le prix au litre est passé de 26 centimes à 1 euro en 6 mois. »

Le plan de résilience jugé insuffisant

Le plan de résilience a été présenté par Jean Castex le 16 mars. Des mesures pour le secteur routier ont été annoncées : remise de 15 centimes d’euro par litre de carburant au 1er avril étendu au gaz naturel véhicule (GNV) et au gazole non routier (GNR), maintien de l’indexation gazole, possibilité d’un remboursement mensuel de la TICPE pour les entreprises au lieu d’un paiement trimestriel. Des mesures jugées insuffisantes par les transporteurs à l’image de l’organisation OTRE qui indique dans un communiqué que le plan de résilience annoncé par le Premier ministre « ne prend pas suffisamment en compte la gravité de la situation » et affirme « que seule une aide financière directe et complémentaire par véhicule (poids lourds, autocars, VUL), fixée dans des délais très courts, est en mesure de répondre aux attentes de ses entreprises adhérentes. »

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