L’ardoise de la carrière des lacs
Fondée en 1946 par Roger Hériau, l’entreprise éponyme a construit sa renommée au-delà de la Bretagne, en exploitant la carrière des Lacs, à Cornillé, depuis 1960 : son ardoise naturelle de couleur verte a permis la restauration de nombreux édifices prestigieux comme les châteaux de Fougères, Vitré ou Châteaugiron, ou encore le Bois Orcan à Noyal-sur-Vilaine, la cathédrale de Rennes, le Mont Saint-Michel… et tant d’autres. L’exploitation de l’ardoise près de Vitré a cessé en 1997. Désormais, l’ardoise vient principalement de Corrèze ou d’Espagne. « Nous rayonnons sur trois régions – Bretagne, Pays de Loire et Normandie -, en intervenant presque exclusivement sur des édifices remarquables et avec les plus belles qualités d’ardoises, fixées au clou à l’ancienne, un savoir-faire qui, malheureusement, pourrait se perdre », explique Pierrick Cherel, ex-dirigeant de l’entreprise Hériau.
43 ans consacrés à la couverture
Pierrick Cherel est arrivé dans l’entreprise en 1985, à 21 ans, en tant qu’ouvrier couvreur et a gravi tous les échelons. « J’ai fait treize ans de chantier et douze ans de conduite de travaux, avant de reprendre la gérance en 2010 au départ de Roger et Yvan Hériau, puis la direction générale en 2018. J’ai consacré toute ma carrière professionnelle à la couverture, en rénovant de très belles toitures, dont je suis assez fier. » Lui ont succédé, au 1er juillet dernier, Sonia Loisil, directrice administrative et financière et David Beaudouin directeur technique, présent respectivement dans l’entreprise depuis huit ans et vingt-huit ans.
La pérennité du savoir-faire ?
Le métier de couvreur de bâtiments historiques a beaucoup évolué, par la réglementation sur la sécurité, mais aussi de nouveaux modes opératoires et la mécanisation des manutentions.
« Un exemple : nous travaillons souvent à l’abri maintenant, grâce à des protections qui recouvrent l’ensemble de l’édifice en rénovation, comme un parapluie géant. Notre travail sur les monuments historiques est vraiment très valorisant et il y a encore tant de sites à rénover ! Mais je suis inquiet pour la pérennité de notre savoir-faire. Nous recrutons depuis toujours des jeunes et nous les formons en apprentissage. Mais ces dernières années, nous constatons qu’ils sont plus volatils ; le travail est moins une priorité pour eux », déplore David Beaudouin, qui comme ses prédécesseurs, est un amoureux du patrimoine.
Cinq apprentis sont actuellement en formation de couvreur sur les 36 salariés. « Notre activité a de beaux jours devant elle. Aussi, nous cherchons en permanence à recruter des personnes amoureuses du patrimoine, à qui nous voulons transmettre notre passion de la belle couverture. »
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