« Nous sommes moins visibles, car nous n’avons pas de bâtiment. C’est en quelque sorte un hôpital qui ne se voit pas. Après un passage en hôpital, les patients ont parfois peur de rentrer chez eux, ils ne sont pas forcément au courant qu’on existe », décrit Élisabeth Hubert, ancienne ministre et présidente de la FNEHAD, lors des Universités d’été, au Stade Rennais.
Ce système HAD permet d’assurer, au domicile du malade, des soins médicaux et paramédicaux continus et coordonnés, en associant le médecin hospitalier, le médecin traitant et tous les professionnels paramédicaux et sociaux.
Si de nombreuses personnes ne la connaissent pas (ou peu), cette alternative apparaît aujourd’hui comme une activité de soins adaptée au déploiement d’une offre accrue en soins palliatifs. « Nous recevons deux types de patients : ceux qui proviennent d’hôpitaux ; et ceux qui sont à la maison et en Ehpad », précise Éric Fossier, médecin à Lorient et secrétaire régional de la FNEHAD. Ceux-ci peuvent ainsi éviter un passage aux urgences en cas de souci de santé.
Ainsi, au niveau national en 2023, les 281 structures autorisées en HAD ont réalisé 82 000 séjours en soins palliatifs, soit le tiers de l’activité totale des soins palliatifs réalisée en établissements. C’est le suivi de 70 000 personnes, répondant ainsi aux souhaits de nombre d’entre elles de décéder à leur domicile.
Soins palliatifs
En Bretagne, 30 % de l’activité HAD consiste en des soins palliatifs, auprès de personnes résidant en Ehpad. « L’HAD est un vrai sujet aujourd’hui. On a une population vieillissante, des personnes atteintes de maladies chroniques et de cancers qui vivent plus longtemps avec leur maladie. Nous développons une peur de mourir en souffrance, ce qui mène aux débats sur le projet de loi sur la fin de vie. Nous devons être mieux connus des patients », ajoute Éric Fossier.
La création d’Unités d’intervention rapide en HAD, – 15 équipes fonctionnelles d’ici fin 2024, 50 en 2025 et 100 en 2026 – vise à sécuriser la prise en charge d’un patient en soins palliatifs dont l’état justifierait un transfert vers un établissement avec hébergement.
HAD en Bretagne : x2 en dix ans
Plus fréquente pendant la crise sanitaire du Covid-19, l’HAD continue à se développer en France. Après une forte progression durant les années Covid, l’HAD a connu, au niveau national entre 2022 et 2023, une croissance de plus de 6 % du nombre de journées, soit un total de 7 224 325 journées. C’est ainsi 10 000 personnes supplémentaires qui ont été prises en charge chez elles : le nombre de patients HAD est passé de 158 000 en 2022 à 168 000 en 2023.
De plus en plus de Français se font soigner chez eux et les Bretons plus particulièrement : dans la région, le nombre de patients soignés et les journées d’HAD comptabilisées ont doublé en dix ans, un développement deux fois plus important que dans le reste de la France. En 2023, 11 000 patients ont bénéficié de soins chez eux, en Bretagne. « Nous sommes plus dynamiques que d’autres régions, car il y a treize établissements d’hospitalisation à domicile, qui ont chacun une zone d’action bien définie, même dans les zones rurales », explique Éric Fossier, ajoutant que l’Agence régionale de santé de Bretagne a apporté très tôt son soutien aux services d’HAD, notamment en les faisant connaître auprès des Ehpad et des établissements de court séjour.
Nouvelles spécialités
L’activité de rééducation fonctionnelle à domicile, spécificité bretonne, a, quant à elle, été multipliée par sept en à peine cinq ans. D’après la fédération, la Bretagne est la seule région de France où l’objectif est que tous les résidents aient ces prochaines années accès à une rééducation complexe en HAD.
De nouvelles spécialités sont également en déploiement : les soins pour les enfants de moins de 3 ans, les traitements lourds post-AVC et les soins pour les femmes enceintes et en post-partum.