Couverture du journal du 01/10/2025 Le nouveau magazine

GRAND FORMAT. Loïc Hénaff : « La réindustrialisation et la relocalisation passeront par les achats »

Le président de la République en a fait un cheval de bataille, la France doit retrouver de sa superbe sur le terrain industriel. En Bretagne, la stratégie ne s’est pas faite attendre, sous l’impulsion d’un chef d’entreprise emblématique : Loïc Hénaff. Le Finistérien, conseiller régional depuis 2021, délégué à la relocalisation d'activités, au fret et à la logistique, l’affirme : la réindustrialisation passera notamment par les achats, dont 10% sont relocalisables. Pour cela, il veut embarquer toutes les entreprises, à commencer par les PME et les ETI. Pour l’élu, il n’est nullement question de repli mais plutôt « d’assurer les transitions, limiter les risques et gagner en souveraineté. » Pour concrétiser, il prêche pour un accompagnement méthodologique des milieux économiques. Entretien et exemples d'entreprises qui ont franchi le pas.

Loïc Hénaff, conseiller régional et PDG de Hénaff SA ©Studio Carlito

Pourquoi lancer une telle démarche sur la relocalisation des achats ?

Loïc Hénaff. La Bretagne est la première région de France en termes d’achats locaux par les consommateurs. Mais quel impact peuvent avoir les entreprises ? L’étude Reloc’h, réalisée par Goodwill Management, conclut que les retombées de la relocalisation en Bretagne seraient de 5,3 milliards d’euros de PIB à horizon 2030, dont 2,5 milliards dans l’industrie, 130 000 emplois (6% de la population active) et éviterait 3 millions de tonnes de gaz à effet de serre. Suite à ces résultats, nous avons créé un comité de pilotage* autour d’une question : concrètement, pour les entreprises, est-ce que ces chiffres se vérifient ? L’étude Reloc’h 2, menée auprès de 8 entreprises, conclut qu’environ 10% des achats sont relocalisables, en Bretagne (3%) et en France (7%). C’est énorme ! 50 000 euros d’achats relocalisés, c’est un emploi créé en France. 

10% des achats sont relocalisables, en Bretagne (3%) et en France (7%)

Comment comptez-vous évangéliser les entreprises ?

©Studio Carlito

LH. Le projet se déploie sur les deux prochaines années, avec trois grandes étapes : sensibiliser les entreprises à la relocalisation des achats,  les accompagner et les former, identifier et soutenir les activités à relocaliser. J’ai constitué un comité scientifique pour mesurer l’impact social et environnemental et poser un regard critique sur la démarche, composé d’Alan Fustec, consultant chez Goodwill Management et Anaïs Voy-Gillis, docteure en géographie et chercheuse sur les questions industrielles.

Quel est l’intérêt pour les entreprises à relocaliser des achats ?

LH. L’intérêt est multiple : gagner en flexibilité et réactivité, réduire les risques sur la chaîne d’approvisionnement – point crucial dans un contexte géopolitique très incertain, réduire l’impact environnemental, anticiper les futures réglementations RSE telles que la CSRD, créer des emplois, impacter sa marque employeur, faire des économies directes et indirectes.

Se poser la question du prix en ne prenant que le prix d’achat net est une erreur.

Relocaliser pour faire des économies, cela semble contre-intuitif. Pour un même montant, l’entreprise n’aura pas le même volume. Mais sur ce point, vous dites, il faut calculer le Total cost of ownership (TCO), le coût total de détention ?

LH. Se poser la que…