Des frites pour faire avancer les bateaux : voilà le projet de LowDiesel, association lorientaise qui veut faire émerger une filière locale de traitement des huiles alimentaires. « Nous avons eu cette réflexion avec Bastien Malgrange, de la compagnie Escal’Ouest : comment décarboner le transport de passagers ? rembobine Gildas Baronnet, vice-président de l’association. Pour les liaisons vers Groix, peu de solutions actuelles sont adaptables, sinon à consentir d’importants investissements comme des motorisations électriques ou à hydrogène. Il fallait donc trouver une autre solution, permettant de garder les moteurs diesel, mais en utilisant un autre carburant. » D’où l’intérêt pour un biocarburant : « Oui, mais local et propre, issu de la transformation de l’huile alimentaire. » LowDiesel a reçu le soutien de la Région Bretagne et déjà remporté le dernier prix des Initiatives maritimes à Lorient.
« Nous cherchons à nous entourer d’acteurs locaux qui s’investissent dans le projet. »
Une démarche lowtech et locale
« Le territoire dispose d’industries agroalimentaires autour du poisson ou de la friture, comme Capitaine Houat, Bret’s, ou encore Cité Marine. Sans compter les cuisines centrales, les restaurants, les particuliers… » Selon l’association, environ 1 500 m3 d’huile quittent le territoire chaque année pour être transformés ailleurs, « au plus près vers la raffinerie du Havre, sinon à l’étranger, avant de revenir injectés dans les diesels B7 ». LowDiesel veut raccourcir le circuit et organiser une transformation locale des huiles alimentaires. « Le B100, biodiesel à 100 %, semble être la meilleure solution. Il permet, en outre, d’utiliser des huiles usagées : pas besoin de monopoliser des surfaces de cultures ! » Le B100 est déjà utilisé par les véhicules équipés de gros moteurs diesel comme les poids lourds, les bateaux et les machines agricoles.
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Faire émerger une filière
« Nous avons calculé que 1 500 à 2 000 m3 de biocarburant suffiraient à faire tourner la compagnie Escal’Ouest, qui consomme 100 m3 par an, les batobus dans la rade (300 m3) et la Compagnie Océane qui assure les liaisons avec Groix par ferry (800 m3). » Gildas Baronnet et Bastien Malgrange (président de LowDiesel) ont aussi rencontré l’entreprise Gecco, « qui opère dans les Hauts-de-France grâce à sa propre unité de transformation ». Aujourd’hui sous statut d’association, LowDiesel veut évoluer à terme en Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), afin d’accompagner l’émergence d’une filière. « Nous cherchons à nous entourer d’acteurs locaux qui s’investissent dans le projet. Pour l’instant, nous débroussaillons, nous faisons le travail d’un bureau d’études et nous cherchons des financements européens. » Si l’idée séduit les potentiels utilisateurs, les politiques sont encore à convaincre : « Ils sont très mobilisés sur l’hydrogène, mais notre projet permettrait d’avoir une proposition complémentaire. »