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Ordre des géomètres-experts de Bretagne : « Notre profession maille parfaitement le territoire »

Installé à Fougères et membre du Conseil régional des géomètres-experts depuis 2008, Denis Attencia est le président du Conseil régional de l’Ordre depuis 2013. Lui succédera à ce poste le Morbihannais David Nicolas, dès le 15 juin 2023. Entretien de fin de mandat, sur les grandes évolutions du métier.

Denis Attencia, président sortant de l'Ordre des géomètres-experts de Bretagne ©DR

Denis Attencia, président sortant de l'Ordre des géomètres-experts de Bretagne ©DR

7 Jours : Comment prenez-vous ce passage de témoin au Conseil de l’ordre des géomètres-experts de Bretagne ?

Denis Attencia : J’ai bien sûr un petit pincement au cœur, car j’ai été passionné par toutes les différentes fonctions que j’ai occupées durant les 15 dernières années. J’espère avoir pu rendre à la profession tout ce qu’elle m’a apporté. Mais je quitte la présidence avec l’assurance que mon successeur, David Nicolas, est prêt à assumer cette responsabilité. Et je serai le premier à le soutenir.

Géomètre-expert, une profession essentielle, mais peu connue…

D. A. : C’est vrai, c’est un tout petit monde. Nous sommes 1 870 en France et 116 en Bretagne. Nous avons comme les médecins la liberté d’installation et, pourtant, notre profession maille parfaitement le territoire. Outre cette volonté constante de servir l’ensemble de la population, les nouveaux venus ont aussi de nouvelles aspirations… Bon nombre de jeunes s’installent en créant leur propre cabinet. Chacun organise dorénavant son profil professionnel comme il l’entend et gère son temps différemment de la génération précédente.

De grandes évolutions attendent-elles la profession ?

D. A. : La grande évolution en cours est celle de la qualité de la donnée. Quelle valeur globale a-t-elle ? Tant du point de vue technique, que juridique ou financier. C’est vraiment le sujet qui nous occupe en ce moment et pour de nombreuses années. On voit bien que l’autorité est de plus en plus interrogée. Et, c’est bien. Par le passé, certaines données étaient considérées comme acquises, mais cela ne suffit plus. Demain, ce que l’on proposera à nos clients doit être qualifié, incontestable ! Je prends un exemple concret. Si je sais qu’aujourd’hui les orages solaires ont de fortes chances de perturber les données GPS entre 11h et 13h, je dois certifier que j’ai pris mes mesures à d’autres horaires.

Vos clients émettent tant de doutes que ça ?

D. A. : La volonté d’adopter une méthodologie absolument irréprochable vient de la profession elle-même et pas de nos clients. C’est important de préciser que nous souhaitons tous nous préparer au monde de demain avec des données qualifiées même s’il faut reconnaître que le contentieux nous fait grandir. Une précision tout de même : nous n’avons pas à souffrir de davantage de contentieux, mais ils sont beaucoup plus coûteux.

Un autre domaine dans lequel votre profession joue un rôle d’avenir ?

D. A. : La loi « Zéro artificialisation nette » fait beaucoup parler d’elle. Il en est question depuis longtemps, mais le sujet est plus brûlant depuis 18 mois. Je crois que les sénateurs n’ont pas vu toutes les conséquences d’une telle loi. Et c’est notre rôle que d’expliquer aux élus les conséquences sur le terrain. En étant présents dans tous les territoires, nous sommes légitimes pour expliquer les excès du texte. Un seul exemple : une commune qui n’a pas eu de projets fonciers sur les 10 dernières années doit, comme les autres, réduire de 50% ce qu’elle a consommé au cours de la période précédente. Le calcul est simple : elle ne peut pas mener de nouveaux projets ! En somme, si la commune a été vertueuse jusque là, elle ne peut plus se développer. Il faut apporter des nuances à ce texte. Sinon, on crée des réserves d’Indiens.

L’élévation des bâtiments n’est-elle pas une réponse satisfaisante ?

D. A. : Gagner en verticalité ne peut être qu’une partie de la réponse. Nous constatons actuellement un manque de 300 000 à 400 000 logements, il faut bien les construire ! Il y a trop de gens mal logés et le logement social doit sortir de terre. Et comme 40 à 60% de ce secteur de l’habitat dépend du secteur privé, il faut bien le laisser agir. Le droit à construire est une question essentielle pour le futur de notre société.

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