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Pêche : Les 5 raisons de la colère

Manifestations, ports bloqués, criées fermées… Le monde de la pêche est en ébullition. Depuis le début de l’année, l’ensemble de la filière bretonne fait entendre sa voix pour défendre une activité qui connaît de nombreuses restrictions, notamment au niveau européen.

Pêcheurs : une profession en plein désarroi ©shutterstock

Pêcheurs : une profession en plein désarroi ©shutterstock

Quotas en baisse, destruction de navires considérés comme surnuméraire, protection des cétacés… Au nom de la Politique Commune des Pêches (PCP), les limitations d’exercice des armements se multiplient depuis de nombreuses années. Mais la dernière recommandation de la Commission européenne sur l’interdiction de la pêche au chalut dans les Aires marines protégées a mis le feu aux poudres. Le malaise de la profession s’exprime en bloc, largement au départ de Lorient. Un vrai ras-le-bol et de multiples raisons.

1- La fermeture de certaines zones de pêche dans le golfe de Gascogne

Après décision du Conseil d’État, le gouvernement a jusqu’au mois de juillet pour fermer certaines zones de pêche, notamment dans le golfe de Gascogne, afin de protéger les petits cétacés (dauphins et marsouins). « Les efforts de préservation de la ressource et de la biodiversité faits depuis 20 ans paient, c’est indéniable, explique Daniel Cueff, Vice-président – Mer et littoral à la Région Bretagne. Pourtant, ils ne sont pas reconnus. Les pêcheurs sont par exemple de plus en plus nombreux a s’équiper de pinger (appareil acoustique faisant fuir les cétacés), mais ce n’est pas encore suffisant.»

2- Des caméras à bord

La décision est évoquée depuis de nombreuses années et les marins-pêcheurs sont vent debout. Ces caméras à bord sont censées apporter la preuve des bonnes pratiques, du respect de la ressource et des quotas ainsi que le non-rejet en mer des prises dites « accessoires ». Les patrons refusent d’être espionnés de la sorte et s’opposent fermement à cette éventualité. « C’est un exemple des difficultés qui s’accumulent et des tracasseries que connaissent les pêcheurs, dit Jean Piel du Comité départemental de la pêche (56). On comprend très bien ce ras-le-bol. »

3- Le plan de sortie de flotte et le Brexit

4% de la flotte régionale, soit 45 bateaux, doit partir à la casse. Conséquence directe du Brexit et de la disparition de licences de prêche dans les eaux britanniques, le pays bigouden est le plus touché par cette mesure. « C’est un coup très dur pour la filière, rappelle Daniel Cueff. Il faut simplement se souvenir que la pêche bretonne, c’est la moitié de la production française! » Et le représentant des mareyeurs lorientais, Jean Besnard, de continuer : « Nous sommes solidaires avec les pêcheurs, car sans eux nos 800 emplois directs sont menacés. Et nous sommes aussi solidaires des consommateurs qui sont très attachés à la provenance locale de leur poisson. »

4- Quotas et prix du carburant

Taille des mailles des filets et chaluts révisées, périodes de repos biologique respectées, zéro rejet… Les règlementations sur la pêche sont bien appliquées par les pêcheurs pour préserver la ressource et leur fonds de commerce. « Ils sont en permanence soumis à un ensemble de contraintes malgré leurs efforts, dit Jean Piel. À cela, s’ajoutent la hausse du prix de l’énergie et celle du matériel de pêche. »

5- Interdiction du chalutage dans les aires marines protégées

Le coup de sang des pêcheurs français a été entendu : le commissaire européen est revenu le 2 avril dernier sur sa recommandation sur les Aires marines protégées. Après avoir conduit une délégation de pêcheurs pour rencontrer le Commissaire européen à l’Environnement et à la Pêche, Hervé Berville, secrétaire d’État chargé de la Mer, a obtenu la confirmation qu’une interdiction des engins mobiles de fond dans les aires marines protégées ne serait pas imposée aux États membres, ni en 2024 ni en 2030. « Cette réunion a été utile, car le Commissaire a levé nos craintes et nous a rassurés, dit le secrétaire d’État. En effet, comme il l’a reconnu, la pêche française, parmi les plus exigeantes et contrôlées au monde, a montré partout que l’on peut avoir des activités de pêche, préserver l’environnement marin et avoir des produits de qualité.» Daniel Cueff abonde dans ce sens : « Les pêcheurs maintiennent leurs activités tant bien que mal en s’adaptant et cela paie, car la ressource se porte bien. Alors, pourquoi écarter les pêcheurs des zones où tout se passe bien ?» L’élu breton plaidera d’ailleurs pour une gestion régionale de la pêche plutôt que des décisions administratives bruxelloises lors des Journées maritimes à Brest en mai, puis en septembre à la conférence des régions à Saint-Malo.

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