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Protocole sanitaire BTP… mais reprise au cas par cas

Après 15 jours de difficiles négociations, les organisations professionnelles du Bâtiment et des Travaux Publics sont parvenues à un accord avec les ministères de la Santé et du Travail, tardivement jeudi 2 avril, qui précise les conditions de mise en œuvre des mesures de la protection sanitaire des salariés sur les chantiers. Ce guide, élaboré par l’organisme de prévention de la branche, l’OPPBTP, détaille les procédures à adopter pour garantir la santé et la sécurité des salariés et employeurs.

Après 15 jours de difficiles négociations, les organisations professionnelles du Bâtiment et des Travaux Publics sont parvenues à un accord avec les ministères de la Santé et du Travail, tardivement jeudi 2 avril, qui précise les conditions de mise en œuvre des mesures de la protection sanitaire des salariés sur les chantiers. Ce guide, élaboré par l’organisme de prévention de la branche, l’OPPBTP, détaille les procédures à adopter pour garantir la santé et la sécurité des salariés et employeurs.

Ensemble, FFB, FNTP, FFSCOPBTP et CAPEB font front pour affirmer que la protection des salariés est une priorité absolue, et que la reprise ne pourra se faire qu’au cas par cas entreprise par entreprise, chantier par chantier. « En aucun cas, ce protocole n’est un appel à la reprise générale », rappellent-ils, alors que près 90 % des chantiers sont arrêtés depuis le confinement.

Quid des chantiers en cours ?

Depuis la publication du guide OPPBTP de préconisations de sécurité sanitaire, la majorité des chantiers n’ont pas repris, car il faut un certain temps aux entreprises pour s’organiser dans la préparation et la mise en œuvre de ces recommandations. Peu nombreux, certains maîtres d’ouvrages imposent une reprise des travaux, de manière formelle (par exemple par ordre de service), ou informelle (téléphone), ou bien parfois même en occultant les recommandations du guide OPPBTP à respecter par tous. Face à cela, les entreprises doivent être vigilantes et se protéger en adressant des courriers à leurs clients trop pressés, explique la FFB.

Au-delà, la FFB alerte sur le danger qui guette le secteur du BTP : « Ces mesures, qui demeurent à l’appréciation de chaque entrepreneur, ne pourront pas s’appliquer partout et, lorsqu’elles le pourront, se traduiront par un surcoût important pour ces milliers de TPE/PME à travers le pays ». En effet les TPE et PME, constituant le principal tissu du secteur, doivent faire face à l’achat d’équipement de protection (quand ils sont disponibles !), à des mesures de distanciation sociale qui vont freiner largement le rythme de production sur les chantiers,sans compter les temps de nettoyage pluriquotidien des basesvie, des matériels et outils de chantiers, les augmentations des prix des matériaux dont l’approvisionnement est plus difficile.

Le surcoût indiscutable engendré par les mesures sanitaires devra être réparti entre les fournisseurs, les entreprises de bâtiment et les maitres d’ouvrages, selon Jacques Chanut.

La FFB demande un plan de relance

Le président de la FFB, Jacques Chanut, exprime ses inquiétudes dans le Figaro du 8 avril : « Nous devons nous organiser pour que le pays tienne, pour que les entreprises subsistent et pour qu’un plan de relance puisse à terme permettre à l’ensemble de l’économie de repartir. »

Les mesures prises en urgence par les pouvoirs publics (fonds de solidarité pour les TPE, accompagnement de la BPI) constituent un indispensable soutien aux trésoreries. « Mais, dans le bâtiment, elles ne résoudront pas le problème des comptes d’exploitations fortement dégradés, sur tous les chantiers avec à terme un nombre de faillites considérable. Si l’on veut maintenir la capacité de production du bâtiment en France, il n’y a qu’une solution: il faut que l’ensemble de la filière construction participe à l’effort de guerre. »

En matière de marché public, une ordonnance publiée fin mars prévoit plusieurs mesures pour assurer ce rééquilibrage: notamment l’adaptation des marchés à la période de confinement, la neutralisation des pénalités de retard et l’indemnisation de l’entreprise pour le surcoût. Nous demandons qu’un rééquilibrage équivalent soit prévu en matière de marchés privés, c’est-à-dire pour l’écrasante majorité des contrats dont dépend l’activité bâtiment.