Que ce soit dans cette usine de transformation de tomates* ou chez ce sous-traitant de l’aéronautique* (installé dans une ancienne usine Renault de fabrication de R5 et autres Clio), les dirigeants bretons, en learning-expedition dans la région de Lisbonne, sont accueillis à bras ouverts. Des échanges sur fond de potentielles opportunités d’affaires avec ce réseau de professionnels bretons.
« Au Portugal, nous sommes habitués aux crises, nous sommes préparés à les dépasser », indique Catià Martins associée Viamapa, venue témoigner face aux dirigeants Bretons. Si le Portugal a été l’un des pays les plus durement touchés par la crise économique post-2008, tout comme la Grèce et l’Irlande, le pays a fait preuve de résilience et retrouvé une compétitivité économique.
Les multiples témoignages louent de manière unanime un cadre de vie attirant, une faible propension aux conflits et un environnement amène aux affaires. Ainsi, selon les données de la Banque du Portugal, les stocks des investissements étrangers directs au Portugal s’élèvent, au deuxième trimestre 2024, à 183,94 milliards d’euros, soit 69 % du produit intérieur brut (PIB) portugais.
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« On trouve de tout au Portugal : textile, pharma, ingénierie… ajoute Philomène Dias, directrice des investissements chez Aicep (équivalent de Business France). Avec une main-d’œuvre hautement qualifiée et une capacité à se retrousser les manches ! » Le Portugal a toujours été tourné vers l’export, de par son histoire d’explorateur, comptant des liens privilégiés avec le Brésil et l’Afrique (Angola et Mozambique). Ricardo Morais, CEO de Panidor, l’entreprise portugaise rachetée en 2022 par Bridor, filiale du groupe breton Le Duff, indique ainsi que « ce rachat a ouvert les portes de l’Europe du Sud et de l’Afrique ».
Quant aux compétences, elles se sont développées dans la tech’ ces dernières années, « mais nous ne sommes pas le back-office de Paris ! Nous développons l’intégralité des projets ici », précise Philomène Dias. Une main-d’œuvre qualifiée et souvent multilingue qui intéresse les domaines du numérique. « Des structures viennent profiter de la main-d’œuvre dans les centres techniques », évoque Bertrand Mangano, de French Tech Lisbonne, qui insiste sur « le Portugal, terre de laboratoire : on peut y développer des idées ». Joao Rosado, de Unicorn Factory, a ainsi évoqué les sept licornes accompagnées et des levées de fonds conséquentes dans le pays.
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« Le Portugal ne restera pas le pays des bas salaires, nous voulons faire partie de la première ligue », indique Armindo Monteiro, président de la Confédération des entreprises portugaises (Cip). De 500 euros en 2003, le salaire minimum au Portugal atteint aujourd’hui 830 euros brut par mois (pour 40 heures par semaine et payé sur quatorze mois). Toujours nettement inférieur à celui des autres pays d’Europe occidentale, même si les représentants font part du plan engagé d’augmentation de 20 % en cinq ans.
*Visites inspirantes !
Sugal, créée en 1957, inonde le monde de ses produits dérivés de la tomate de plein air, (en concentré, ketchup et autre coulis pour pizza). L’entreprise compte cinq unités de production au Portugal, Espagne et Chili et affiche 450 millions d’euros de chiffre d’affaires. Les dirigeants ont fait part de l’automatisation de la production, des besoins immenses et pourtant maîtrisés en eau : « 5 000 à 7 000 m3 d’eau par hectare de plantation, en goutte-à-goutte. Cette année, par manque d’eau l’usine de Séville n’a pas pu tourner. » → Bonus de la journaliste : la visite surprenante d’une usine sans aucune trace de tomate, car la saison des récoltes en Ibérie s’étale de juin à début octobre, pas un dé de tomates concassée ne dépassait.
Lauak Portugal est passé d’une dizaine de personnes à sa création en 2003 à 840 aujourd’hui. Réservoirs d’avion, pièces de moteurs ou de carlingue, cette usine artisanale de précision, fournisseuse de première catégorie de l’aéronautique, atteint les 43 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024. Au Portugal, 6 000 personnes travaillent dans l’aéronautique et 4 000 dans le secteur spatial.
→ Bonus de la journaliste : la visite, par Armando Gomes, directeur de l’usine à sa création en 2003, reconnaissant et saluant les salariés qu’il a fait entrer ou fait monter en compétence en vingt ans. Deuxième bonus : la présence de l’entreprise bretonne Socomore, qui fournit les bains anti-corrosion et autres vernis de surface de ces pièces d’avions.
Visites architecturales
Étienne Taburet, de l’agence rennaise Aître, proposait un périple de parcours urbains qui allait bien au-delà des visites touristiques habituelles. Il a accompagné les dirigeants dans la découverte et l’initiation des enjeux (et des jeux) architecturaux de la ville de Lisbonne à travers les époques. Indiquant par exemple les innovations législatives mises en œuvre à Lisbonne pour modifier le droit à construire et penser la reconstruction de la ville sur elle-même.